La menace de Donald Trump d’augmenter massivement les droits de douane sur les produits européens provoque l’inquiétude de ce côté-ci de l’Atlantique. Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie, a appelé mardi l’Union Européenne à se préparer à cette éventualité et à faire preuve d’unité face à ce défi transatlantique.
L’Europe dans le viseur des taxes américaines
Le futur président américain a annoncé son intention d’augmenter dès son investiture les droits de douane de 10% sur les produits chinois et de 25% sur ceux venant du Canada et du Mexique. Une mesure protectionniste qui pourrait rapidement s’étendre à l’Europe selon Robert Habeck :
Nous devons nous préparer à ce que l’Europe ou l’Allemagne soient confrontées à des situations similaires.
Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie
Le ministre écologiste a souligné la fragilité grandissante des règles du commerce international, y compris celles établies avec des partenaires de longue date comme le Canada et le Mexique, liés aux États-Unis par un accord de libre-échange. Un signal alarmant pour l’UE.
L’Allemagne particulièrement exposée
Avec des exportations représentant la moitié de son PIB, l’économie allemande est en première ligne face à un renchérissement des droits de douane. Berlin a renoué cette année une relation commerciale privilégiée avec Washington, redevenu son premier partenaire devant la Chine.
Mais les liens sino-allemands sont également sous tension, fragilisés par les surtaxes imposées par l’UE sur les véhicules électriques chinois. Ces deux pays essentiels pour l’économie allemande « sont peut-être aussi ceux qui nous posent le plus de problèmes en ce moment » reconnaît Robert Habeck.
Quel impact pour l’économie européenne ?
Selon les estimations de la Bundesbank, de futures hausses de droits de douane américaines pourraient amputer le PIB allemand de 1%. Un coup dur pour la première économie européenne, déjà attendue en recul de 0,2% cette année.
Au-delà de l’Allemagne, c’est toute l’économie de l’UE qui serait affectée par une guerre commerciale avec les États-Unis. Avec près de 500 milliards d’euros échangés chaque année, les liens transatlantiques restent un pilier des exportations européennes.
Quelle réponse de l’UE ?
Face à l’offensive tarifaire qui se profile, Robert Habeck appelle l’Europe à « réagir de manière unie » et à « montrer clairement que tout le monde est perdant » avec ce type de mesures protectionnistes. Une position partagée par de nombreux dirigeants européens.
Mais si l’unité semble de mise sur le principe, les modalités d’une éventuelle riposte divisent. Certains prônent la fermeté avec des contre-sanctions, d’autres misent sur la négociation pour préserver l’important marché américain. Un dilemme qui testera dans les prochains mois la solidarité et la cohésion des 27 face à leur allié et rival d’outre-Atlantique.
Vers un regain des tensions commerciales ?
Les déclarations trumpiennes sur les droits de douane ravivent le spectre d’une escalade protectionniste mondiale. Après la trêve sino-américaine de janvier 2020, le dossier des subventions à Airbus et Boeing a déjà relancé un contentieux vieux de 15 ans entre l’UE et les USA.
Dans ce contexte, la fermeté affichée par la future administration démocrate augure de nouvelles turbulences pour le commerce international. Un scénario que l’économie européenne, fragilisée par la pandémie, redoute particulièrement pour 2021 et au-delà.
Plus que jamais, l’unité et la solidarité européennes seront déterminantes pour défendre les intérêts du Vieux Continent sans sombrer dans une guerre commerciale destructrice. Dialogue, compromis, mais aussi fermeté quand nécessaire : tel est le délicat équilibre que devra trouver l’UE face à l’imprévisible président américain.