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Un Sommet Crucial pour Contrer la Pollution Plastique Mondiale

175 États se sont engagés en 2022 à adopter un traité contraignant contre la pollution plastique. Après 4 sessions infructueuses, un ultime round de négociations s'ouvre à Busan. Les divergences entre pays volontaristes et réticents sont-elles surmontables ? L'avenir de nos écosystèmes en dépend...

En mars 2022, un espoir était né : pour la première fois, 175 pays s’engageaient à l’ONU à adopter d’ici fin 2024 un traité juridiquement contraignant pour enrayer la pollution plastique mondiale. Mais après quatre sessions de négociations infructueuses, la route s’annonce encore longue et semée d’embûches. Du 26 novembre au 2 décembre, les représentants des États se retrouvent à Busan en Corée du Sud pour un cinquième et ultime round. L’enjeu ? Trouver un terrain d’entente entre pays volontaristes et réticents, pour éviter l’échec. Car de l’issue de ce sommet dépend l’avenir de nos écosystèmes terrestres et marins, menacés par le fléau plastique.

La pollution plastique, une crise écologique majeure

Chaque année, plus de 400 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Un chiffre en constante augmentation, qui pourrait atteindre 600 millions de tonnes en 2030 si rien n’est fait. Or, seuls 9% de ces déchets plastiques sont recyclés. Le reste finit enfoui, incinéré ou relâché dans la nature.

Sacs, emballages, filets de pêche… Ces déchets contaminent tous les milieux, avec des conséquences désastreuses sur la biodiversité. Plus de 800 espèces marines sont impactées par l’ingestion de plastique ou l’enchevêtrement. Sur terre, animaux et écosystèmes paient aussi un lourd tribut. Sans oublier les risques sanitaires pour l’Homme, via la dispersion de microplastiques dans l’air, l’eau et la chaîne alimentaire.

Cette crise écologique met clairement en danger la santé planétaire et le bien-être de l’humanité. Il est urgent d’agir à la source en réduisant drastiquement la production de plastique.

– Extrait d’une tribune signée par 200 ONG environnementales

Un accord historique en 2022

C’est dans ce contexte alarmant qu’est intervenu en mars 2022 un accord qualifié d’historique. Lors de l’Assemblée des Nations unies pour l’Environnement à Nairobi, 175 pays se sont engagés à conclure un traité international d’ici fin 2024 pour « mettre fin à la pollution plastique ». Un calendrier ambitieux et un signal fort, salué par les ONG.

Mais très vite, les dissensions sont apparues lors des sessions de négociations qui ont suivi. « Même si l’ampleur de la crise est reconnue, le texte actuel est une longue liste de désaccords », analyse Henri Bourgeois Costa, expert au sein d’une organisation environnementale. Les divergences portent notamment sur :

  • Le niveau d’ambition et le caractère contraignant de l’accord
  • Les mesures concrètes pour réduire la production et la consommation de plastique
  • La responsabilité des pays producteurs et exportateurs
  • Les mécanismes de financement et de transfert de technologies

L’opposition des pays producteurs de pétrole

Le principal point d’achoppement reste la réduction de la production mondiale de plastique. Une coalition menée par l’Union européenne et soutenue par de nombreux pays en développement, plaide pour des objectifs chiffrés ambitieux dans ce domaine. Mais cette option est combattue par les pays producteurs de pétrole et l’industrie pétrochimique.

Et pour cause : 99% des plastiques sont issus de combustibles fossiles (pétrole, gaz). Avec la transition énergétique qui s’accélère, ce secteur mise de plus en plus sur la croissance de la demande en plastique. D’après une source proche des discussions, certains pays producteurs de pétrole tentent de bloquer toute mesure contraignante dans ce domaine jugé stratégique.

Recycler plus ou réduire à la source ?

Face aux appels à réduire la production, l’industrie plastique met en avant le recyclage comme solution. Une option également défendue par des pays comme les États-Unis ou l’Arabie Saoudite. Mais pour les défenseurs de l’environnement, miser uniquement sur le recyclage est un leurre.

Le recyclage a clairement un rôle à jouer mais il ne suffira pas. Seuls 9% des plastiques sont recyclés dans le monde. Porter ce taux à 100% prendrait des décennies. Il faut réduire les volumes à la source, dès maintenant.

– Un diplomate européen impliqué dans les négociations

Les ONG prônent des objectifs ambitieux : réduire de 40% la production de plastique vierge d’ici 2040, instaurer un moratoire sur les nouvelles installations pétrochimiques, réguler strictement les polymères les plus toxiques…

Dernière chance à Busan

Pour sortir de l’impasse, tous les espoirs se portent sur le sommet de Busan qui s’ouvre ce 26 novembre. « C’est la dernière chance de trouver un accord à la hauteur des enjeux », alerte un expert onusien. Faute de compromis, le traité tant espéré pourrait accoucher d’un texte a minima, sans mesures réellement contraignantes.

Un échec qui serait lourd de conséquences alors que la pollution plastique pourrait doubler d’ici 2040 si rien n’est fait. Pour éviter ce scénario, la pression monte sur les négociateurs. Plus de 200 ONG du monde entier ont appelé les États à « faire preuve de détermination » et à « placer la protection de l’environnement au-dessus des intérêts économiques de court terme ».

Les prochains jours s’annoncent décisifs. En cas d’accord, 2023 serait consacrée à finaliser le texte, avant une adoption formelle en 2024. Un traité imparfait mais qui pourrait constituer une avancée historique dans la lutte contre un fléau majeur de notre temps. Dans le cas contraire, la communauté internationale aurait manqué un rendez-vous crucial avec l’urgence écologique.

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