C’est une véritable manne financière qui vient de tomber dans l’escarcelle d’Intel. Le géant américain des semi-conducteurs a en effet décroché pas moins de 7,9 milliards de dollars de subventions de la part du gouvernement américain, dans le cadre du CHIPS Act. Une enveloppe conséquente destinée à soutenir les ambitieux projets d’investissements du fabricant de puces aux États-Unis.
Intel mise gros sur les États-Unis
Avec près de 90 milliards de dollars d’investissements prévus d’ici 2030 sur le sol américain, Intel fait clairement le pari de relocaliser et de booster sa production de semi-conducteurs. Un programme pharaonique qui s’inscrit dans un plan global de plus de 100 milliards visant à renforcer les capacités du groupe.
Grâce aux subventions du CHIPS Act, Intel compte bien accélérer le développement de ses sites de production, notamment en Arizona, au Nouveau-Mexique, dans l’Oregon et dans l’Ohio. Selon les estimations du département du Commerce, ces investissements devraient permettre la création de quelque 10 000 emplois industriels et 20 000 emplois dans la construction.
Une chaîne de production intégrée
L’un des atouts majeurs d’Intel réside dans sa capacité à maîtriser l’ensemble de la chaîne de production de semi-conducteurs de dernière génération sur le territoire américain, de la fonderie à l’emballage. Un argument de poids pour le gouvernement qui cherche à renforcer la souveraineté technologique du pays.
Le CHIPS Act permet de renforcer l’innovation et la technologie américaine et rendre notre pays plus sûr, et Intel joue un rôle important dans la revitalisation de l’industrie américaine du semiconducteur grâce à ses investissements sans précédent.
Gina Raimondo, Secrétaire au Commerce
Le CHIPS Act, un enjeu stratégique
Voté en 2022, le CHIPS Act vise à redynamiser l’industrie américaine des semi-conducteurs en y allouant jusqu’à 52 milliards de dollars. Un plan ambitieux motivé par les risques en matière d’approvisionnement mis en lumière par la crise sanitaire et la dépendance vis-à-vis de l’Asie.
Face à la montée en puissance de la Chine et aux tensions autour de Taïwan, les États-Unis cherchent à retrouver leur leadership dans ce secteur stratégique. Alors qu’ils représentaient encore plus de 40% de la production mondiale il y a quelques décennies, leur part est aujourd’hui tombée sous les 10%.
La course mondiale aux semi-conducteurs
Au-delà des enjeux économiques, la maîtrise de la production de semi-conducteurs revêt une dimension géopolitique majeure. Dans un contexte de rivalité technologique exacerbée, chaque nation cherche à sécuriser son approvisionnement et à réduire sa dépendance.
Taïwan et la Corée du Sud, qui concentrent une large part de la production mondiale, se retrouvent ainsi au cœur de toutes les convoitises. La Chine, qui cherche à monter en gamme, investit massivement pour développer ses propres capacités. L’Europe tente également de revenir dans la course avec son « Chips Act » visant à doubler sa part de marché d’ici 2030.
Intel, un acteur clé de la souveraineté américaine
Dans cette compétition mondiale, le soutien apporté à Intel illustre la volonté des États-Unis de reprendre la main. Avec ses investissements records et son écosystème intégré, le groupe apparaît comme le fer de lance de la reconquête américaine dans les semi-conducteurs.
Reste à savoir si ces subventions massives suffiront à inverser la tendance et à permettre aux États-Unis de rattraper leur retard. La bataille des puces ne fait que commencer, mais elle promet d’être décisive pour façonner les équilibres technologiques et géopolitiques des prochaines décennies.
