Les eaux agitées du détroit de Taïwan sont une nouvelle fois le théâtre de frictions entre les États-Unis et la Chine. Mardi, un avion de patrouille américain, un Boeing P-8A Poseidon de l’US Navy, a traversé l’espace aérien international de ce bras de mer qui sépare l’île de Taïwan de la Chine continentale. Un geste fort, « ouvertement mis en avant » selon Pékin, qui n’a pas manqué de réagir.
Pour Washington, ce vol de routine démontre « l’engagement des États-Unis en faveur d’une région indo-pacifique libre et ouverte ». Mais du côté chinois, on dénonce une manœuvre qui « déforme les principes juridiques, embrouille le public et trompe la perception internationale ». L’armée de l’air chinoise assure avoir « organisé des forces navales et aériennes pour surveiller et protéger la trajectoire de l’avion américain ».
Le détroit de Taïwan, épicentre des tensions
Cette nouvelle passe d’armes verbale illustre à quel point le détroit de Taïwan est devenu un point de friction majeur entre les deux superpuissances. Washington y déploie régulièrement des navires et des avions militaires, renforçant ses alliances dans la région, au grand dam de Pékin qui considère Taïwan comme une partie intégrante de son territoire et se dit prêt à la reconquérir par la force si nécessaire.
Les avertissements de Xi Jinping
Le dirigeant chinois Xi Jinping a récemment mis en garde les États-Unis contre le franchissement de la « ligne rouge » dans leur soutien à Taïwan, lors d’une rencontre tendue avec le président américain Joe Biden en marge d’un sommet de l’Apec. Un avertissement qui prend tout son sens à l’heure où Washington envisagerait, selon des sources japonaises, des déploiements militaires au Japon et aux Philippines en cas de crise liée à Taïwan.
Les Etats-Unis, principal soutien de Taïwan
Principal allié de Taïwan, les États-Unis sont engagés auprès de l’île, même s’ils ne la reconnaissent pas diplomatiquement. Une position ambiguë qui attise les frictions avec la Chine. Chaque passage d’avion ou de navire américain dans le détroit est vécu comme une provocation par Pékin, qui réaffirme avec force sa souveraineté sur ce qu’elle considère comme une province rebelle.
Un équilibre géopolitique précaire
Au-delà des déclarations martiales, ces tensions reflètent la complexité de l’équilibre géopolitique dans la région. Taïwan, dont l’indépendance de facto repose en grande partie sur le soutien américain, est prise en étau entre son puissant voisin chinois et son lointain protecteur. Une situation précaire, source de frictions permanentes, comme vient une nouvelle fois de le montrer le survol du détroit par cet avion de patrouille américain.
Un statu quo sous haute tension
Malgré les passes d’armes verbales et les démonstrations de force, le statu quo perdure dans le détroit de Taïwan. Mais chaque incident ravive les braises d’un conflit potentiel aux conséquences incalculables. Les États-Unis et la Chine, engagés dans une rivalité de plus en plus exacerbée, semblent condamnés à se toiser de part et d’autre de ce bras de mer, symbole de leurs antagonismes.
Dans ce face-à-face tendu, la voix de Taïwan peine à se faire entendre. Mais l’île, avec ses 23 millions d’habitants, est bien plus qu’un simple enjeu géostratégique. C’est une démocratie vivace, une économie dynamique, une société ouverte sur le monde. Autant de réalités que les manœuvres navales et les déclarations tonitruantes tendent parfois à faire oublier.
Taïwan est une société démocratique et prospère avec une économie vibrante et un peuple résilient. Elle mérite notre soutien face aux efforts d’intimidation.
– Une source diplomatique européenne
Derrière la rhétorique guerrière et les gesticulations militaires, c’est donc aussi un affrontement de modèles et de valeurs qui se joue dans le détroit de Taïwan. Une réalité complexe que le survol d’un avion de patrouille, aussi significatif soit-il, ne saurait résumer à lui seul.