Depuis l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, soutenue par Elon Musk, le propriétaire de X (anciennement Twitter), le réseau social fait face à une vague de départs. Plusieurs grands médias européens comme le journal Ouest-France ont annoncé suspendre leurs publications, considérant qu’ils ne pouvaient plus y mener sereinement leur mission d’information. Mais cette décision est loin de faire l’unanimité, ouvrant un débat houleux sur l’avenir de la plateforme et le rôle des médias.
X, théâtre d’une guerre idéologique ?
Pour certains observateurs, ces départs reflètent avant tout un malaise face à la perte de contrôle de l’opinion par les médias traditionnels. Comme le souligne Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens :
L’élection de Trump a prouvé une fois de plus que l’unanimité ou presque de tous les médias contre un candidat n’avait aucun impact. Et même jouait probablement à rebours.
Olivier Babeau
Au-delà des inquiétudes sur la désinformation, certains y voient surtout le reflet d’un affrontement idéologique, X étant perçu comme plus conservateur depuis l’arrivée d’Elon Musk. Le départ de médias progressistes serait alors une réaction à la perte de leur hégémonie sur les réseaux.
Rester pour ne pas laisser le champ libre
Mais d’autres, comme Olivier Babeau, refusent de déserter ce qu’ils considèrent comme un espace essentiel du débat public :
Je ne partirais pas d’un réseau parce qu’on peut tout y dire (dans les limites de la loi). Je partirais si cette liberté au contraire cessait.
Olivier Babeau
Selon eux, quitter X reviendrait à laisser le champ libre aux discours extrêmes et complotistes. Mieux vaudrait rester pour apporter la contradiction par des arguments rationnels. Un combat d’idées à mener sur le terrain, plutôt que de se retrancher dans des médias traditionnels en perte de vitesse.
Un choix loin d’être évident pour les médias
Mais la décision est loin d’être simple pour les rédactions, tiraillées entre volonté de toucher un large public et besoin de maîtriser leur environnement éditorial. Comme le montre une enquête du Figaro, si des quotidiens comme Ouest-France ont sauté le pas, d’autres grands médias français restent pour l’instant sur X, tout en se disant vigilants sur ses évolutions.
Car au-delà des questions politiques, c’est bien la viabilité du modèle économique des médias qui est en jeu. À l’heure où la monétisation des contenus sur les réseaux est cruciale, se priver d’une plateforme majeure comme X est un pari risqué. Surtout avec la concurrence de nouveaux venus comme Bluesky ou Threads, qui tentent de séduire les déçus de X.
Quelle place pour les médias sur les réseaux de demain ?
Au final, le débat sur X révèle surtout les défis auxquels font face les médias à l’ère des réseaux sociaux. Comment toucher le public là où il se trouve, sans renier ses valeurs éditoriales ? Comment lutter contre la désinformation sans se couper des conversations en ligne ? Des questions cruciales pour l’avenir de l’information, alors que le paysage médiatique ne cesse d’être bouleversé par les innovations technologiques et les mutations des usages.
Une chose est sûre : le match entre X et les médias est loin d’être terminé. Et son issue dépendra de la capacité de chacun à réinventer son rôle et sa relation avec le public dans un environnement en perpétuelle évolution. Un défi aussi passionnant que périlleux, dont les rebondissements risquent de nous surprendre encore longtemps.