Les efforts diplomatiques s’intensifient pour mettre fin à la guerre de deux mois qui oppose Israël au Hezbollah libanais. Après des négociations marathons impliquant les grandes puissances, un accord de cessez-le-feu semble désormais à portée de main. Le cabinet de sécurité israélien doit se prononcer ce mardi sur cette trêve cruciale, tandis que les États-Unis évoquent une entente proche tout en appelant à la prudence. L’espoir d’une accalmie renaît.
La communauté internationale accentue la pression pour une trêve
Depuis plusieurs jours, les États-Unis, l’Union Européenne et l’ONU multiplient les navettes et les contacts au plus haut niveau pour arracher un cessez-le-feu entre l’État hébreu et le mouvement islamiste chiite soutenu par l’Iran. Ces derniers sont entrés dans une confrontation armée totale fin septembre après des mois d’échanges de tirs en marge de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a mis la pression sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu, affirmant qu’Israël n’avait « pas d’excuse » pour refuser la trêve proposée. « Espérons qu’aujourd’hui le cabinet de sécurité approuvera l’accord », a-t-il déclaré.
Washington prudemment optimiste sur un accord imminent
Du côté américain, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby s’est montré confiant, tout en restant mesuré : « Nous pensons être arrivés au point où nous sommes proches d’un accord, mais rien n’est conclu tant que tout n’est pas conclu ». La Maison Blanche estime néanmoins que les négociations avancent dans une « direction très positive ».
De sources diplomatiques, un responsable israélien a indiqué que le cabinet de sécurité « se prononcera mardi soir » sur cet éventuel accord de cessation des hostilités, fruit d’intenses tractations dans lesquelles la France est aussi très impliquée.
Des échanges de tirs meurtriers jusqu’au dernier moment
Malgré ces avancées diplomatiques, les affrontements se poursuivent avec intensité sur le terrain. L’aviation israélienne a pilonné les bastions du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant au moins 31 morts lundi selon un bilan du ministère libanais de la Santé. Tsahal a même appelé les habitants à évacuer certains quartiers.
En retour, les combattants du Hezbollah maintiennent la pression, tirant une trentaine de projectiles en direction du territoire israélien lundi. Le mouvement chiite assure qu’il poursuivra le combat tant que durera l’offensive sur Gaza, même s’il se dit ouvert à une trêve.
Les contours d’un fragile cessez-le-feu se dessinent
Selon des fuites dans la presse américaine, l’accord en gestation reposerait sur un projet des États-Unis. Il prévoirait une trêve de 60 jours durant laquelle le Hezbollah et l’armée israélienne se retireraient du sud du Liban. L’armée libanaise prendrait alors le contrôle de la zone tampon, sous supervision d’un comité international.
Le texte s’appuierait sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui avait mis fin à la guerre de 2006 entre les deux belligérants. Celle-ci stipule que seules les forces armées libanaises et la FINUL sont autorisées le long de la frontière.
Notre objectif est de neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban pour sécuriser notre frontière et permettre le retour des 60.000 déplacés.
Un haut responsable militaire israélien
Washington aurait fourni des garanties à Israël sur un soutien en cas de nouvelles hostilités du Hezbollah. Mais certains ministres du gouvernement Netanyahu, issus de la droite dure comme Itamar Ben Gvir, jugent qu’un cessez-le-feu serait « une grosse erreur », craignant de donner au mouvement chiite libanais l’occasion de se renforcer à nouveau.
Le lourd bilan humain d’une guerre de 13 mois
Le conflit qui a embrasé le nord d’Israël et le sud du Liban depuis octobre 2023 aura été dévastateur. Selon un décompte des autorités libanaises, près de 3.800 personnes ont péri au Liban, en majorité des civils, principalement depuis l’escalade de septembre dernier.
En 13 mois, 82 soldats et 47 civils israéliens ont été tués dans les combats ou les tirs de roquettes du Hezbollah, selon le bilan officiel de Tsahal.
C’est une guerre pour rien, juste pour satisfaire l’ego des politiques. Nous sommes épuisés et nous voulons juste vivre en paix avec nos voisins.
Ilan, habitant du nord d’Israël
Dans la bande de Gaza, théâtre initial du conflit en octobre 2023, le bilan est encore plus terrible. D’après le ministère de la Santé du Hamas, au moins 44.235 Palestiniens auraient péri, très majoritairement des civils. Un décompte jugé crédible par l’ONU. L’opération de Tsahal pour libérer ses soldats et civils faits prisonniers a coûté la vie à 1.206 Israéliens.
Une catastrophe humanitaire aux portes de l’hiver
Outre les victimes directes, le conflit a provoqué un désastre humanitaire des deux côtés de la frontière. Des dizaines de milliers de civils ont dû fuir les zones de combat, abandonnant tout derrière eux.
À Gaza, les raids incessants de l’aviation israélienne ont transformé de larges portions du territoire en champ de ruines. Avec l’arrivée de l’hiver et des pluies, des milliers de déplacés tentent de survivre sous des abris de fortune. L’accès à l’eau potable, à la nourriture et aux soins est très limité.
L’hiver va être horrible. Les gens n’ont rien, même pas le minimum vital. Avec le froid et la pluie qui s’ajoutent à leurs souffrances, la situation va devenir intenable.
Louise Wateridge, responsable de l’UNRWA à Gaza
Au regard de ce lourd tribu, un cessez-le-feu apparaît comme une lueur d’espoir, même s’il sera difficile à mettre en œuvre sur le terrain. Il sera en tout cas la première étape indispensable vers une désescalade et un processus de paix durable dont la région a tant besoin. Tous les yeux sont désormais rivés sur la décision que prendra dans les heures à venir le cabinet de sécurité israélien. L’avenir de millions de gens en dépend.