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Hong Kong, nouveau hub pour le crime financier international ?

Hong Kong, jadis place financière fiable, serait devenu un rouage essentiel du crime financier international selon des législateurs américains. Blanchiment, contournement de sanctions, transferts illégaux de technologies... Les révélations qui secouent la ville.

Des accusations gravissimes ébranlent Hong Kong. Selon une commission parlementaire américaine, l’ancienne colonie britannique serait devenue un maillon essentiel des réseaux internationaux de blanchiment d’argent et de contournement des sanctions, au profit de régimes autoritaires comme la Chine, la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord. Des révélations explosives qui ternissent l’image de ce centre financier mondial.

Hong Kong, de place financière fiable à plaque tournante du crime ?

Pendant des décennies, Hong Kong a incarné une place financière solide et transparente aux yeux du monde. Mais depuis que Pékin y a imposé une controversée loi sur la sécurité nationale en 2020, la donne aurait radicalement changé. C’est en tout cas ce qu’affirme la commission parlementaire américaine sur le parti communiste chinois, dans une lettre adressée lundi à la secrétaire au Trésor Janet Yellen :

Hong Kong est passé du statut de place financière fiable à celui d’acteur essentiel de l’axe autoritaire de la République populaire de Chine, de l’Iran, de la Russie et de la Corée du Nord.

Commission parlementaire américaine sur le PCC

Pour ces élus démocrates et républicains, la loi sur la sécurité nationale, adoptée après les grandes manifestations pro-démocratie de 2019, a de facto placé Hong Kong sous le contrôle de Pékin. Ils appellent donc le gouvernement américain à revoir les privilèges commerciaux uniques accordés à la ville, qui lui permettent d’être considérée comme une entité distincte de la Chine continentale.

Contournement des sanctions et technologies interdites

Au cœur des accusations : le rôle clé que jouerait désormais Hong Kong dans le contournement des sanctions internationales, en particulier celles visant l’Iran et la Russie. Selon les parlementaires, la ville servirait de base pour :

  • Le transfert de technologies occidentales interdites vers la Russie
  • La création de sociétés écrans pour acheter illégalement du pétrole iranien
  • La facilitation du commerce d’or russe
  • L’exploitation de « navires fantômes » se livrant à des échanges illicites avec la Corée du Nord

Une étude citée indique que près de 40% des biens envoyés depuis Hong Kong vers la Russie en 2023 figuraient sur les listes américaine et européenne de produits interdits. Il s’agirait notamment de semi-conducteurs et autres technologies dont Moscou a cruellement besoin pour sa guerre en Ukraine.

Érosion des libertés et de l’État de droit

Lors de sa rétrocession à la Chine en 1997, Hong Kong s’était vu promettre un haut degré d’autonomie pendant 50 ans, dans le cadre du principe « Un pays, deux systèmes ». Mais Washington estime que la loi sur la sécurité nationale, ainsi qu’une loi ultérieure sur la sécurité appelée « article 23 », ont considérablement érodé les libertés et l’indépendance judiciaire qui permettaient à la ville de fonctionner comme une place financière mondiale.

Pékin et les autorités hongkongaises affirment de leur côté que ces lois étaient nécessaires pour rétablir l’ordre après les manifestations de 2019 et protéger l’économie locale. Mais pour de nombreux observateurs, elles ont surtout permis de museler la dissidence et de restreindre drastiquement l’espace des libertés.

Réévaluer les liens avec Hong Kong ?

Face à cette dérive autoritaire et au spectre grandissant du crime financier, les parlementaires américains estiment qu’il est temps de repenser la relation avec Hong Kong, en particulier dans le domaine bancaire :

Nous devons maintenant nous demander si la politique américaine établie de longue date à l’égard de Hong Kong, en particulier de son secteur financier et bancaire, est encore appropriée.

Commission parlementaire américaine sur le PCC

Un avertissement qui fait écho à une mise en garde du département d’État en septembre dernier, pointant des « risques nouveaux et accrus » pour les entreprises opérant à Hong Kong en raison de l’article 23. Autant de signaux inquiétants qui pourraient pousser de nombreux acteurs économiques à revoir leur présence dans l’ex-colonie britannique.

Si ces accusations se confirmaient, c’est tout le statut de Hong Kong comme place financière internationale qui pourrait être remis en question. Une perspective qui fait frémir les milieux d’affaires, mais qui semble de plus en plus inévitable au vu de la mainmise croissante de Pékin et de la multiplication des dérives. La ville, longtemps porte d’entrée vers la Chine, pourrait bien devenir son talon d’Achille sur la scène mondiale.

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