Chaque année, le dernier vendredi de novembre marque le coup d’envoi de la frénésie d’achats de fin d’année avec le désormais incontournable Black Friday. Importé des États-Unis il y a quelques années, cet événement commercial s’est rapidement imposé comme un rendez-vous majeur, éclipsant même les traditionnels soldes d’hiver. Comment expliquer un tel engouement ? Quelles sont les conséquences pour le secteur du commerce ? Décryptage d’un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
Le Black Friday, un lancement en fanfare des achats de Noël
Alors que les fêtes de fin d’année approchent à grands pas, le Black Friday apparaît comme le top départ idéal pour se lancer dans la course aux cadeaux. Avec ses promotions exceptionnelles et son battage médiatique, il incite les consommateurs à anticiper leurs emplettes de Noël. Cette temporalité avantageuse explique en partie son succès grandissant d’année en année.
Les enseignes l’ont bien compris et rivalisent d’offres attractives pour attirer les acheteurs dans leurs filets. Réductions spectaculaires, ventes flash, cadeaux bonifiés… Tous les moyens sont bons pour se démarquer et capter une clientèle en quête de bonnes affaires. Cette surenchère promotionnelle transforme le Black Friday en véritable fête du shopping, créant un sentiment d’urgence et une excitation propices à la consommation.
Un matraquage marketing qui fait mouche
Impossible d’échapper à la déferlante Black Friday qui s’abat chaque année sur tous les canaux de communication. Publicités dans les médias, prospectus dans les boîtes aux lettres, bannières sur Internet, mailings… Les enseignes déploient des trésors d’imagination pour faire parler de l’événement et susciter l’envie d’acheter.
Ce matraquage intensif porte ses fruits, ancrant le Black Friday dans les esprits des consommateurs comme LE moment à ne pas rater pour faire de bonnes affaires. Il entretient un climat d’effervescence et d’attente qui se traduit par une fréquentation record des sites marchands et des magasins le jour J.
Les Français se sont totalement appropriés le Black Friday. 70% d’entre eux ont prévu d’effectuer des achats lors de l’édition 2022, avec un budget moyen de 250€.
Selon une enquête YouGov
L’e-commerce, grand gagnant de l’opération
Si le Black Friday profite à l’ensemble du commerce, c’est bien le e-commerce qui tire le mieux son épingle du jeu. La possibilité de faire ses achats en ligne, à toute heure et en comparant facilement les prix, séduit de plus en plus de consommateurs. Les acteurs du web l’ont compris et multiplient les opérations spéciales, avec des ventes démarrant souvent avant le jour officiel.
Cette tendance s’est accentuée avec la pandémie de Covid-19 et la fermeture des commerces physiques. Le Black Friday 2020 a ainsi battu tous les records en ligne, avec plus d’1,8 milliard d’euros dépensés par les cyberacheteurs français, selon la Fevad. Une dynamique qui s’est confirmée en 2021, preuve de l’ancrage durable des nouvelles habitudes de consommation.
Des répercussions profondes sur le commerce
L’avènement du Black Friday chamboule le calendrier commercial et oblige les enseignes à revoir leur approche des soldes. Ces derniers, autrefois temps forts incontournables, souffrent de la concurrence de l’événement novembral. Eclipsés médiatiquement et délaissés par des clients ayant déjà fait le plein à prix cassés, ils peinent à trouver leur place.
Ce basculement pousse de nombreux commerçants, notamment les indépendants, à repenser leur modèle économique. Comment continuer à exister face au rouleau compresseur du Black Friday ? Certains choisissent de contre-attaquer en mettant en avant des valeurs différenciantes comme la proximité, le conseil, l’authenticité ou le made in France. D’autres préfèrent surfer sur la vague en alignant leurs propres promotions.
Vers une généralisation des promotions ?
Le succès du Black Friday interroge sur l’évolution du commerce et de la consommation. En incitant les acheteurs à traquer les prix bas et en poussant les vendeurs à casser les prix, ne favorise-t-il pas une forme de banalisation des promotions ?
La question reste ouverte mais force est de constater que les périodes de soldes se multiplient, grignotant du terrain sur les ventes à prix réguliers. Black Friday, Cyber Monday, French Days, Amazon Prime Day… Les occasions de bonnes affaires fleurissent tout au long de l’année, entretenant l’idée qu’il est toujours possible d’obtenir une ristourne.
Un constat qui n’est pas sans conséquence pour les commerces dont les marges s’amenuisent, pris en tenaille entre la nécessité de rester attractifs et celle de préserver leur rentabilité. Et si le jeu en valait la chandelle pour s’offrir un coup de projecteur annuel ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : le Black Friday a encore de beaux jours devant lui !