Au détour d’une conversation, qui n’a jamais entendu ou prononcé la fameuse expression « On se redit » ? Derrière son apparente désinvolture, cette petite phrase révèle souvent une réalité moins reluisante : la peur de l’engagement et une forme de lâcheté relationnelle dont notre époque semble friande. Décryptage d’une technique de fuite devenue une véritable rengaine du quotidien.
« On se redit », ou l’art de rester dans le vague
Imaginons la scène : vous croisez une vague connaissance qui vous propose de « prendre un verre un de ces quatre ». Enthousiaste, vous approuvez… avant d’entendre le fameux « On se redit ! ». Derrière cette formule d’apparence anodine, se cache en réalité une volonté de ne pas s’engager, de rester dans un flou confortable. Car si l’on se promet effectivement de « se redire », aucune date concrète n’est fixée, laissant planer le doute sur la suite des événements.
« On se redit » ne marque pas l’engagement mais il ne ferme pas la porte non plus. C’est une phase intermédiaire où on évite de se mouiller.
Prononcée par automatisme, cette expression permet ainsi de conclure un échange sans vraiment s’engager, de donner une réponse évasive à une proposition sans pour autant la rejeter en bloc. Une manière polie et subtile d’esquiver, sans avoir à argumenter ou à se justifier.
Une technique de procrastination relationnelle
Au fond, le « On se redit » s’apparente à une forme de procrastination relationnelle. Plutôt que de donner une réponse claire et définitive, on préfère repousser la décision à plus tard, se laisser une porte de sortie. Une attitude symptomatique de notre époque où l’engagement, qu’il soit amical, professionnel ou amoureux, est souvent vécu comme une contrainte.
Dans un monde hyperconnecté où les sollicitations affluent, le « On se redit » apparaît comme une parade bien commode pour ne fâcher personne. Pris dans le tourbillon des notifications et des demandes, il devient tentant de distribuer des « On se redit » à tout va, histoire de se dédouaner à peu de frais.
Plutôt que de trancher immédiatement, on préfère temporiser et laisser les portes ouvertes. Et nous laisser la liberté de les franchir, ou pas.
Derrière la désinvolture, un manque de respect ?
Mais à force d’être répétée, cette petite rengaine finit par sonner creux. Car personne n’est dupe de sa signification réelle : repousser aux calendes grecques un hypothétique rendez-vous, sans réelle intention d’y donner suite. Une façon détournée de signifier son manque d’intérêt, tout en se donnant bonne conscience.
Pourtant, à trop jouer la carte du « On se redit », on prend le risque de passer pour une personne peu fiable et peu investie dans ses relations. Car derrière cette formule en apparence anodine, c’est bien la question du respect de l’autre qui se pose. Plutôt que de donner une réponse vague et sans lendemain, ne serait-il pas plus honnête d’exprimer clairement ses intentions et sa disponibilité ?
Vers une communication plus authentique ?
Il est temps de réhabiliter une communication plus directe et plus sincère dans nos rapports humains. Plutôt que de se réfugier derrière des « On se redit » de façade, osons exprimer clairement nos envies et nos limites. Une attitude certes plus engageante, mais tellement plus respectueuse !
Quelques alternatives possibles au fameux « On se redit » :
- Proposer directement une date et un lieu de rendez-vous si l’on est vraiment intéressé
- Expliquer poliment que l’on n’a pas de disponibilité dans l’immédiat, sans faire de vagues promesses
- Suggérer de reprendre contact à une période future plus propice, en restant réaliste sur ses engagements
L’enjeu ? Redonner ses lettres de noblesse au langage, en faisant en sorte que nos paroles soient en adéquation avec nos actes. Établir des relations plus authentiques et apaisées, libérées du poids des non-dits et des faux-fuyants. Et si l’on abandonnait définitivement ce « On se redit » mensonger au profit d’un « On se dit les choses » salvateur ?