Alors que la France se débat dans une crise économique et politique majeure, tous les regards se tournent vers Bruxelles. La Commission européenne doit en effet rendre ce mardi son verdict très attendu sur les budgets des États membres, et en particulier sur celui de la France, qui fait figure de mauvais élève.
Un déficit record qui inquiète l’Europe
Avec un déficit public attendu à 6,2% du PIB cette année, soit plus du double du plafond autorisé par les règles européennes, la France affiche la pire performance de l’UE après la Roumanie. Une situation qui alarme ses partenaires et les marchés financiers, mettant la pression sur le gouvernement pour redresser urgemment les comptes publics.
Le nouveau ministre des Finances, Antoine Armand, a ainsi annoncé un plan d’économies drastiques de 60 milliards d’euros pour 2025, combinant coupes budgétaires et hausses d’impôts. Mais cette purge sans précédent passe mal auprès des députés, y compris dans le camp présidentiel.
La menace d’une motion de censure
Fer de lance de la fronde, la cheffe de file des élus RN Marine Le Pen juge « injustes et inefficaces » certaines mesures comme la taxation accrue de l’électricité. Brandissant la menace d’une motion de censure qui ferait tomber le gouvernement, elle pourrait trouver des alliés à gauche pour mettre en minorité l’exécutif.
C’est dans ce contexte explosif que la Commission doit se prononcer sur la crédibilité des efforts français pour assainir les finances publiques. Selon des sources européennes, elle devrait donner son aval au plan budgétaire d’Antoine Armand, estimant qu’il met la France sur la bonne voie pour revenir sous les 3% de déficit d’ici 2029.
Un satisfecit sous haute surveillance
Mais ce satisfecit ne serait pas un blanc-seing, loin s’en faut. Bruxelles devrait insister sur la nécessité pour la France de tenir ses engagements coûte que coûte, alors qu’elle a été presque constamment en déficit excessif depuis 20 ans. Un dérapage pourrait cette fois lui valoir des sanctions financières pouvant atteindre 2,8 milliards d’euros par an.
Pour l’analyste Andreas Eisl, de l’Institut Jacques-Delors, « la situation de fragilité politique de la France inquiète évidemment la Commission ». Toute la question est de savoir si le gouvernement survivra et si le budget validé par Bruxelles sera effectivement mis en œuvre, souligne-t-il.
L’épée de Damoclès des marchés financiers
Autre épée de Damoclès : la réaction des investisseurs, qui scruteront attentivement l’opinion de la Commission. Or la France a cruellement besoin de leur confiance pour financer sa dette colossale à des taux supportables. Le moindre faux pas pourrait faire flamber les « spreads » et compliquer encore la tâche du gouvernement.
Le premier ministre, en première ligne sur ce dossier brûlant, joue donc son va-tout. S’il échoue à convaincre Bruxelles ou sa majorité, c’est toute la stratégie de redressement qui serait compromise, ouvrant une période d’incertitude politique et financière.
L’avis de la Commission sera donc suivi avec fébrilité à Paris comme dans les autres capitales européennes. Après des années de laxisme budgétaire, la France n’a plus droit à l’erreur. L’heure de vérité a sonné.