Un vent de controverse souffle sur le paysage féministe français. Au cœur du débat : l’indemnisation des victimes de violences perpétrées par des étrangers sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Une revendication portée haut et fort par des figures se réclamant d’un féminisme « identitaire » ou « de droite », à l’instar de Claire Geronimi. Retour sur une polémique qui divise et interroge sur la responsabilité de l’État.
L’émergence d’un féminisme « identitaire »
Ces dernières années ont vu émerger sur le devant de la scène médiatique des militantes féministes aux parcours et discours bien différents de ceux habituellement associés à la gauche. Parmi elles, Claire Geronimi, qui n’hésite pas à se définir comme une féministe « de droite ». Son combat ? Pointer du doigt ce qu’elle estime être les angles morts du féminisme traditionnel, notamment sur les questions d’immigration et de sécurité.
Un positionnement clivant
La position de Claire Geronimi et de ses consœurs est loin de faire l’unanimité. Elles s’opposent frontalement aux féministes de gauche sur la nature même du combat à mener pour faire avancer la cause des femmes. Là où les unes pointent les violences d’origine « culturelle » et appellent à une fermeté accrue envers l’immigration irrégulière, les autres dénoncent une instrumentalisation raciste et xénophobe du féminisme.
Quand l’OQTF est au cœur du débat
Le cas des étrangers sous OQTF cristallise particulièrement les tensions. Pour Claire Geronimi, les violences commises par ces individus sont le fruit d’une « défaillance » de l’État qui n’applique pas la loi. Dès lors, elle estime que les victimes doivent être indemnisées par la puissance publique. Une revendication choc, à contre-courant du discours féministe traditionnel qui pointe d’abord la culture du viol et les mécanismes de domination masculine.
Nous voulons que toutes les victimes de violences causées par des individus sous OQTF soient indemnisées par l’État car ces actes sont le fruit d’une défaillance, la loi n’est pas appliquée.
Claire Geronimi, militante féministe
Quelle responsabilité pour l’État ?
Derrière la polémique, une question de fond : dans quelle mesure l’État peut-il être tenu pour responsable d’actes individuels, fussent-ils le fait de personnes qui n’ont plus le droit de séjourner sur le territoire ? Si l’exécutif se défend en mettant en avant les nombreuses OQTF prononcées, force est de constater que leur application effective reste très parcellaire, souvent faute de moyens ou de coopération des pays d’origine.
Un sujet clivant jusque dans les médias
Le traitement médiatique de ces affaires soulève également son lot de critiques. Claire Geronimi, elle-même victime d’un viol commis par un étranger sous OQTF, dénonce les méthodes de certains médias qui « politisent pour ne pas voir la réalité ». Une réalité faite de drames humains, comme le meurtre récent de la jeune Philippine Langlade par un Algérien visé par une OQTF qu’il n’avait pas respectée.
Au-delà des clivages, des victimes en quête de reconnaissance
Si les débats font rage, une chose est sûre : les victimes, elles, sont en quête de reconnaissance et de justice. C’est tout le sens de la démarche de Claire Geronimi qui a lancé un podcast pour « aider les femmes agressées ». Un espace de parole libre, hors des clivages politiques et médiatiques, pour celles qui ont subi l’impensable.
Car au-delà des joutes idéologiques, c’est bien la détresse et la colère des victimes qui doivent être entendues. Leurs voix ne peuvent rester inaudibles, noyées dans le tumulte d’un débat qui les dépasse. Il y a urgence à agir, à protéger, à réparer. Et cela passe peut-être par un changement de paradigme, une remise en question profonde de notre système de prise en charge et d’indemnisation des victimes de violences.
L’émergence de ce féminisme « identitaire », aussi dérangeant soit-il pour certains, a le mérite de bousculer les lignes et de remettre au centre du débat la question de la responsabilité de l’État. Une responsabilité qui ne peut se limiter à la prononciation d’OQTF, mais doit s’étendre à leur exécution effective et à la prise en charge des victimes lorsque le système faillit. C’est à cette condition que justice pourra être rendue et que la parole des femmes violentées cessera d’être une simple chambre d’écho des clivages politiques.