Mardi matin, un incident spectaculaire a frappé le centre spatial de Tanegashima, au sud du Japon. Selon des sources proches du dossier, un important incendie s’est déclaré lors d’un test d’une nouvelle fusée expérimentale à propulsion solide, la Epsilon S. Bien qu’aucun blessé ne soit à déplorer, l’événement a suscité l’émoi et ravivé les craintes quant à la sécurité des lancements spatiaux.
Un test de fusée vire au cauchemar
C’est aux alentours de 8h30, heure locale, que l’incident s’est produit. Alors que l’agence spatiale nippone, la JAXA, procédait à un essai de combustion du moteur de sa nouvelle fusée Epsilon S, des boules de feu et une épaisse fumée blanche ont jailli du pas de tir. Les images spectaculaires capturées par les caméras de surveillance montrent l’ampleur de l’incendie.
D’après les premiers éléments de l’enquête, il semblerait qu’un problème soit survenu lors de la phase de combustion du moteur à propergol solide de la fusée. Environ 30 secondes après le début du test, une puissante explosion a retenti et des débris enflammés ont été projetés à plusieurs centaines de mètres, certains atterrissant en mer.
Le site de lancement évacué en urgence
Dès le déclenchement de l’incendie, les équipes présentes sur place ont été évacuées en urgence. Elles se tenaient heureusement à bonne distance, environ 600 mètres, comme le veut le protocole de sécurité lors de ce type d’essais à risque. Les pompiers sont rapidement intervenus pour circonscrire le sinistre et éviter sa propagation aux installations voisines.
Malgré l’impressionnant panache de fumée visible à des kilomètres à la ronde, aucune victime n’est à déplorer. Un porte-parole de l’agence spatiale s’est voulu rassurant, affirmant que la situation était sous contrôle et qu’une enquête approfondie était d’ores et déjà lancée pour déterminer les causes exactes de l’incident.
La JAXA sous le feu des critiques
Cet événement met une nouvelle fois en lumière les risques inhérents au développement de fusées de nouvelle génération. La JAXA n’en est pas à son coup d’essai en matière d’incidents. En 2018 déjà, le petit lanceur SS-520, premier modèle commercial de la gamme Epsilon, avait connu une défaillance peu après son décollage, entraînant la perte de la charge utile.
Si les causes de l’explosion d’hier ne sont pas encore élucidées, des voix s’élèvent déjà pour pointer du doigt un éventuel manque de rigueur dans les procédures de sécurité. Un expert du secteur spatial, sous couvert d’anonymat, a confié à notre rédaction ses doutes quant à la fiabilité du programme Epsilon, dénonçant « une course à l’innovation au détriment parfois de la sécurité ».
Il est facile de céder à la pression, de vouloir accélérer les développements pour rester dans la course. Mais à quel prix ? La sécurité doit rester la priorité absolue, surtout lorsqu’on joue avec des technologies aussi puissantes et imprévisibles que la propulsion à propergol solide.
Un ingénieur aérospatial sous couvert d’anonymat
Le programme Epsilon dans la tourmente
Lancé en 2013, le programme Epsilon a pour objectif de fournir au Japon un lanceur léger polyvalent et peu coûteux. Conçue pour placer en orbite basse des petits satellites, la fusée mise sur une propulsion à propergol solide, réputée plus simple et moins onéreuse que les moteurs à ergols liquides traditionnels.
Mais cette technologie comporte aussi des risques, comme l’a tragiquement rappelé l’accident survenu en 2003 sur le pas de tir du centre spatial de Uchinoura, lors d’un test d’allumage d’un propulseur d’appoint. Un mort et trois blessés avaient alors endeuillé l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise.
Les enjeux autour de la maîtrise de cette filière de lanceurs sont importants pour le Japon, qui cherche à s’imposer sur le marché très concurrentiel des satellites de petite taille. Reste à savoir si cet énième incident remettra en cause le calendrier du projet, alors qu’un premier vol de qualification de la version améliorée Epsilon S était prévu d’ici la fin de l’année.
Un coup dur pour l’industrie spatiale nippone
Plus largement, c’est toute la stratégie spatiale du Japon qui pourrait être impactée par ce revers. Le pays mise beaucoup sur ce secteur en plein essor pour dynamiser son économie et asseoir son statut de puissance technologique. Mais la concurrence est rude, notamment depuis l’arrivée sur le marché des lanceurs réutilisables de SpaceX.
L’archipel peut néanmoins compter sur une base industrielle solide et sur un savoir-faire reconnu en matière de miniaturisation et de fiabilité. Ses atouts seront précieux pour relever les défis à venir et faire oublier cet incident, qui restera comme un avertissement sur les dangers de la conquête spatiale.
Les prochains mois seront décisifs pour le programme Epsilon et plus globalement pour l’avenir spatial du Japon. La gestion de crise et les leçons qui seront tirées de cet événement en diront long sur la capacité de résilience et d’adaptation de la JAXA face à l’adversité. Une chose est sûre : le chemin vers les étoiles n’a jamais été un long fleuve tranquille.