C’est une histoire poignante et méconnue qui se déroule au cœur de l’un des événements les plus tragiques du XXe siècle : la chute de Diên Biên Phu en 1954, qui sonna le glas de la présence française en Indochine. Au milieu du chaos et de la souffrance, une jeune femme fit preuve d’un courage et d’un dévouement exceptionnels. Son nom ? Geneviève de Galard, surnommée « l’ange de Diên Biên Phu ».
Un destin bouleversé par la guerre
Née en 1925 dans une famille aristocratique, rien ne prédestinait Geneviève de Galard à devenir une figure marquante de la guerre d’Indochine. Engagée comme convoyeuse de l’air, elle se retrouva piégée à Diên Biên Phu fin mars 1954, alors qu’elle ne devait initialement rester que quelques minutes, le temps d’évacuer des blessés.
Ce qui devait être une brève mission de routine se transforma en un séjour de deux mois au cœur de l’enfer. Geneviève décida en effet de rester volontairement sur place pour prêter main-forte aux équipes médicales débordées, qui luttaient jour et nuit pour sauver un maximum de vies au milieu des bombardements incessants.
L’ange des blessés
Infirmière improvisée, la jeune femme se dévoua corps et âme auprès des soldats blessés et agonisants, leur apportant soins et réconfort. Son courage et son abnégation forcèrent l’admiration de tous. Dans ses mémoires intitulés « Une femme à Diên Biên Phu », Geneviève de Galard livra un témoignage poignant de son expérience :
« J’ai vu des choses terribles. Des blessés hurlant de douleur, des hommes agonisant dans mes bras. Mais je n’ai pas flanché. Je ne pouvais pas les abandonner. C’était plus fort que moi. »
Geneviève de Galard
Malgré l’horreur et l’épuisement, l’« ange de Diên Biên Phu » n’eut de cesse de prodiguer sans relâche des soins aux blessés, puisant dans des ressources insoupçonnées pour tenir bon et maintenir l’espoir.
Une héroïne célébrée puis oubliée
Après la chute du camp retranché le 7 mai 1954 et des semaines de captivité éprouvantes, Geneviève de Galard rentra en France où elle fut accueillie en héroïne. Décorée de la Légion d’honneur, célébrée par les médias, invitée à New York, celle que l’on surnomma également « la fiancée de la légion » connut son heure de gloire.
Mais les honneurs et la lumière furent de courte durée. Très vite, le souvenir de la guerre d’Indochine s’estompa et avec lui, celui du sacrifice de Geneviève et de ses compagnons d’infortune. Discrète, la jeune femme reprit le cours de sa vie, se maria, eut des enfants, tout en restant à jamais marquée par l’expérience de Diên Biên Phu.
Un témoignage pour la postérité
Lorsqu’on l’interrogeait sur son expérience, Geneviève répondait avec une humilité et une pudeur qui forçaient le respect. Peu avant sa disparition en 2023, elle livra un ultime témoignage empreint d’émotion au magazine Le Figaro :
« J’aurais tant voulu que Diên Biên Phu se termine autrement, que tous ces jeunes hommes ne meurent pas dans d’atroces souffrances. Je pense à eux chaque jour. Ils font partie de moi pour toujours. »
Geneviève de Galard
Par son courage et son dévouement, cette héroïne au destin hors du commun a marqué l’Histoire. Elle laisse le souvenir impérissable d’une femme d’exception, qui a surmonté l’horreur de la guerre pour se mettre au service des autres. Un exemple qui force l’admiration et le respect.