Derrière les murs de l’Assemblée Nationale, une guerre féroce fait rage entre les députés socialistes et les Insoumis. Depuis le début de cette législature, les tensions n’ont cessé de grimper, laissant présager un avenir sombre pour le Nouveau Front Populaire (NFP). Aujourd’hui, le conflit éclate au grand jour, exacerbé par la proposition choc de Boris Vallaud, patron du groupe socialiste, d’un pacte de « non-censure » ouvert à d’autres mouvements que ceux du NFP.
Une proposition qui passe mal chez LFI
Dimanche, sur France Inter, Boris Vallaud lâche une bombe. Il suggère à « tous les présidents de groupes du Sénat et de l’Assemblée de l’arc républicain de poser la question des conditions d’une non-censure ». Une main tendue vers d’autres forces politiques, y compris la droite et les macronistes, qui a fait bondir les Insoumis. Jean-Luc Mélenchon a immédiatement dénoncé sur Twitter une tentative du PS « d’organiser un nouveau socle commun à la place du NFP ».
Il a pété un câble ?
Une députée insoumise
En coulisses, le ton monte. « Il a pété un câble ? » s’indigne une élue LFI en découvrant la proposition de Vallaud. D’autres y voient une « trahison » et une volonté de « dynamiter » l’alliance de gauche. La défiance est à son comble entre les deux formations qui, malgré un accord électoral, peinent depuis des mois à accorder leurs violons.
Des rivalités exacerbées en vue de 2027
Au cœur des tensions, la bataille pour l’hégémonie à gauche en vue de la présidentielle de 2027. Chaque camp cherche à tirer la couverture à soi, multipliant les attaques et les coups bas. Les Insoumis accusent les socialistes de vouloir « recentrer » le NFP, quand ces derniers dénoncent le « sectarisme » de LFI. Une guerre de tranchées qui paralyse l’Assemblée et grève les chances de la gauche de reconquérir l’Élysée.
Tout cela va mal se terminer.
Un ténor socialiste
« Tout cela va mal se terminer », se désole un ténor socialiste. Beaucoup, dans les deux camps, redoutent un divorce qui condamnerait la gauche à une nouvelle défaite. Mais les ego et les ambitions semblent pour l’heure plus forts que la raison. Sauf miracle, PS et LFI filent vers une confrontation à hauts risques.
Des désaccords stratégiques profonds
Au-delà des querelles de personnes, ce sont de profondes divergences stratégiques qui opposent socialistes et Insoumis. Quand LFI prône la rupture et « l’opposition ferme » à Michel Barnier, une partie du PS veut jouer la carte du « dialogue » et des « compromis ». Un clivage ancien, que la perspective des échéances électorales à venir ne fait que raviver.
« On ne peut pas gagner en 2027 avec une ligne jusqu’au-boutiste », martèle un député socialiste, partisan d’un rapprochement avec les centristes. « Sans radicalité, la gauche est morte », rétorque un élu LFI, pour qui le PS n’a « rien compris » aux aspirations de « l’électorat populaire ». Deux visions irréconciliables qui rendent illusoire, à ce stade, toute perspective d’unité.
L’Assemblée, théâtre des rivalités
C’est donc à l’Assemblée que se cristallisent ces tensions. Chaque texte, chaque vote, chaque prise de parole devient un enjeu de pouvoir entre les deux groupes. Les Insoumis tentent d’imposer leur tempo en multipliant les coups d’éclat, quand les socialistes jouent la carte de la « responsabilité » en négociant des « avancées » avec la majorité. Une bataille de tous les instants qui transforme l’hémicycle en ring politique.
On passe plus de temps à se tirer dans les pattes qu’à travailler.
Un député socialiste
« On passe plus de temps à se tirer dans les pattes qu’à travailler », déplore un député socialiste, las de ces « chamailleries » incessantes. « Avec LFI, c’est leur façon ou rien, impossible de discuter », abonde un de ses collègues. De leur côté, les Insoumis fustigent « l’absence de colonne vertébrale » du PS et son « renoncement » à mener une opposition franche au gouvernement.
Des dissensions aux lourdes conséquences
Résultat : des textes importants, comme la loi sur le pouvoir d’achat ou le budget, sont votés sans les voix de la gauche, faute d’accord en son sein. Une situation intenable à long terme, qui affaiblit l’opposition et fait le jeu du gouvernement. Beaucoup redoutent qu’à force de divisions, PS et LFI finissent par se neutraliser mutuellement, laissant le champ libre à Michel Barnier.
Pour éviter ce scénario catastrophe, des voix s’élèvent dans les deux camps pour appeler à la « responsabilité » et au « rassemblement ». Mais entre des Insoumis arc-boutés sur leur ligne et des socialistes tentés par un virage centriste, les marges de manœuvre semblent bien minces. Sauf coup de théâtre, la guerre PS-LFI promet de faire rage jusqu’en 2027, au risque de ruiner les chances de la gauche de reconquérir le pouvoir. Un scénario noir que beaucoup redoutent, mais que personne ne semble en mesure d’empêcher.