Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou aurait approuvé le principe d’un cessez-le-feu avec le Hezbollah, la milice islamiste chiite libanaise, lors d’un récent conseil de sécurité en Israël. C’est ce que révèlent des sources concordantes proches du dossier, qui se sont confiées à des médias américains.
Cet accord, qui pourrait être officiellement avalisé par le conseil de sécurité israélien dès mardi selon un haut responsable américain, prévoit une période de 60 jours durant laquelle l’armée israélienne se retirerait du sud du Liban. Parallèlement, l’armée régulière libanaise se déploierait le long de la frontière tandis que le Hezbollah retirerait ses armes lourdes au nord du fleuve Litani, une revendication de longue date d’Israël en référence à la résolution 1701 de l’ONU.
Un comité de surveillance américain pour veiller au respect de l’accord
Le projet d’accord prévoit également la mise en place d’un comité de surveillance dirigé par les États-Unis. Son rôle sera de s’assurer du respect du processus par les différentes parties et de remédier aux éventuelles violations. Si ce cessez-le-feu se concrétise, il permettrait à des centaines de milliers de civils des deux côtés de la frontière de regagner leurs foyers.
Vendredi dernier, les présidents Emmanuel Macron et Joe Biden s’étaient entretenus de la possibilité d’un tel accord lors d’un échange téléphonique. La France et les États-Unis semblent donc œuvrer activement en coulisses pour favoriser une désescalade entre Israël et le Hezbollah.
Un contexte régional tendu entre élections américaines et chantage pétrolier iranien
Cette potentielle avancée diplomatique intervient dans un contexte régional particulièrement tendu. Comme le souligne le géopolitologue Gilles Kepel, l’approche de l’élection présidentielle américaine et le chantage pétrolier exercé par l’Iran, parrain du Hezbollah, pèsent lourdement sur le conflit.
Entre l’élection américaine et le chantage pétrolier iranien, la guerre est comme suspendue. Les alliés occidentaux d’Israël ne semblent pas prêts à laisser Netanyahou mener des frappes qui risqueraient de bouleverser le cours du pétrole.
– Gilles Kepel, géopolitologue
En parallèle, les opérations militaires israéliennes contre le Hezbollah, notamment l’élimination de son chef Hassan Nasrallah, semblent profiter en interne à Benyamin Netanyahou. Un récent sondage montre un regain de popularité pour le premier ministre israélien suite aux frappes menées au Liban.
Transformer une victoire militaire en succès politique, le défi d’Israël
Mais au-delà des gains militaires, l’enjeu pour l’État hébreu est désormais de transformer ses succès sur le terrain en une paix durable, comme l’analyse Renaud Girard, chroniqueur au Figaro :
Après avoir défait militairement le Hamas comme le Hezbollah, Israël n’a jamais paru aussi fort qu’aujourd’hui. C’est une occasion unique pour obtenir une paix durable. Encore faut-il réussir à transformer l’avantage militaire en victoire politique.
– Renaud Girard, chroniqueur au Figaro
Un cessez-le-feu avec le Hezbollah, s’il se confirme, pourrait être un premier pas en ce sens. Mais la route risque d’être encore longue et semée d’embûches avant de parvenir à une normalisation durable entre Israël et ses voisins. Le soutien des parrains internationaux comme les États-Unis et la France sera plus que jamais crucial dans ce processus.
Les prochains jours s’annoncent donc décisifs pour savoir si ce fragile espoir de paix se concrétisera ou si la logique de confrontation finira par l’emporter à nouveau. Dans ce contexte d’extrême volatilité, chaque geste, chaque déclaration des différents acteurs sera scruté avec la plus grande attention. Car derrière les soubresauts du conflit israélo-libanais, c’est la stabilité de toute une région qui est en jeu.