ActualitésInternational

La Roumanie, pilier de l’Otan, glisse-t-elle vers le souverainisme ?

La Roumanie, membre clé de l'Otan et de l'UE à la frontière ukrainienne, pourrait-elle basculer dans un souverainisme anti-occidental suite aux élections ? Un enjeu majeur pour l'Europe et l'Alliance atlantique en ces temps de guerre...

Aux portes de l’Ukraine en guerre, la Roumanie joue un rôle stratégique crucial pour l’Otan et l’Union européenne. Mais à l’aube d’échéances électorales majeures, ce pilier oriental de l’Alliance atlantique pourrait-il vaciller et glisser vers un souverainisme anti-occidental ? C’est la question qui taraude les chancelleries occidentales, alors que le pays s’apprête à élire son parlement ce dimanche.

Un allié clé sur le front Est

Avec sa façade maritime sur la mer Noire et ses 600 km de frontière avec l’Ukraine, la Roumanie occupe une position stratégique de premier plan depuis le début de l’invasion russe. L’Otan y a déployé un important dispositif pour éviter toute extension du conflit, avec notamment un bataillon de 1200 soldats essentiellement français, belges, luxembourgeois et espagnols. La France y a même positionné un système de défense antiaérienne dernier cri et des chars Leclerc.

Mais au-delà de l’aspect purement militaire, c’est toute une alliance politico-stratégique que la Roumanie a tissé avec les États-Unis ces dernières années. Washington y a déployé des milliers de soldats et implanté un de ses deux sites européens d’interception de missiles. Une soixantaine d’officiers roumains sont même formés chaque année dans les meilleures universités militaires américaines. Une proximité qui infuse jusqu’au plus haut niveau du commandement roumain.

Le corridor céréalier en question

Outre son apport sécuritaire, la Roumanie a aussi joué un rôle économique majeur dans le conflit en permettant l’acheminement des céréales ukrainiennes. Après la fermeture par la Russie des routes maritimes via la mer Noire, le port roumain de Constanta est devenu l’axe vital des exportations de Kiev. Selon des experts, près de 70% des céréales ukrainiennes exportées en 2023 sont passées par la Roumanie.

Mais cet afflux massif n’a pas été sans conséquence pour le pays. Il a contribué à une inflation galopante qui exaspère la population. Selon plusieurs analystes, une majorité de Roumains souhaiteraient aujourd’hui que leur pays cesse d’aider militairement l’Ukraine pour se concentrer sur ses propres difficultés. Un terreau fertile pour les discours souverainistes et anti-occidentaux.

Le spectre d’un basculement politique

Et c’est justement ce qui inquiète à l’approche des législatives de dimanche. Le surprenant succès au premier tour de la présidentielle du candidat Calin Georgecu, ouvertement opposé à l’aide à l’Ukraine et pourfendeur de l’Otan, fait peser un sérieux doute. Avec près de 14% des voix, l’autre candidat d’extrême droite, George Simion, a aussi créé la surprise.

Si ces protestataires devaient transformer l’essai aux législatives et imposer une majorité souverainiste, les conséquences pourraient être majeures. La Roumanie rejoindrait alors la liste des pays européens tentés par un repli nationaliste, de la Hongrie à l’Italie en passant par la Slovaquie. Même si constitutionnellement le rôle du président roumain reste limité, ce basculement serait un coup dur porté au front uni des démocraties occidentales face à Vladimir Poutine.

L’Europe entre espoir et inquiétude

À Bruxelles et dans les capitales occidentales, c’est donc l’heure des supputations et des inquiétudes. Car une Roumanie qui tournerait le dos à ses engagements européens et atlantiques changerait à coup sûr l’équation géopolitique en Europe de l’Est. Cela ouvrirait une brèche sur le flanc oriental de l’UE et de l’Otan que le Kremlin pourrait chercher à exploiter.

Mais rien n’est joué. Le camp pro-occidental n’a pas dit son dernier mot et compte bien mobiliser ses troupes pour faire barrage aux sirènes souverainistes. Les résultats de dimanche seront en tout cas scrutés avec la plus grande attention. Car au-delà du sort de la Roumanie, c’est bien l’unité et la détermination du camp démocratique face à l’expansionnisme russe qui sont en jeu. Un test majeur en ces temps troublés.

L’issue du scrutin roumain influencera significativement la position de l’Europe face à la Russie dans les mois à venir. Le risque d’une fracture est réel.

– Selon une source diplomatique européenne

À Bruxelles et dans les capitales occidentales, c’est donc l’heure des supputations et des inquiétudes. Car une Roumanie qui tournerait le dos à ses engagements européens et atlantiques changerait à coup sûr l’équation géopolitique en Europe de l’Est. Cela ouvrirait une brèche sur le flanc oriental de l’UE et de l’Otan que le Kremlin pourrait chercher à exploiter.

Mais rien n’est joué. Le camp pro-occidental n’a pas dit son dernier mot et compte bien mobiliser ses troupes pour faire barrage aux sirènes souverainistes. Les résultats de dimanche seront en tout cas scrutés avec la plus grande attention. Car au-delà du sort de la Roumanie, c’est bien l’unité et la détermination du camp démocratique face à l’expansionnisme russe qui sont en jeu. Un test majeur en ces temps troublés.

L’issue du scrutin roumain influencera significativement la position de l’Europe face à la Russie dans les mois à venir. Le risque d’une fracture est réel.

– Selon une source diplomatique européenne
Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.