Le débat autour de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur continue de faire des vagues. Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à examiner le traité, des voix s’élèvent pour réclamer un contrôle parlementaire renforcé. Parmi elles, Sandrine Le Feur, députée Renaissance et agricultrice, qui n’hésite pas à afficher son opposition au texte.
Un passage obligatoire devant les parlements nationaux ?
Pour la présidente de la commission développement durable de l’Assemblée, si l’accord venait à être signé, il devrait impérativement être soumis à l’approbation des parlements de chaque État membre. Une position tranchée qu’elle justifie ainsi :
L’agriculture ne doit pas être jetée en pâture. Le président et le gouvernement doivent dire plus clairement qu’ils refusent de scinder l’accord pour ne pas contourner les Parlements nationaux.
Sandrine Le Feur, députée Renaissance
Un avis partagé par de nombreux élus, qui craignent de voir les intérêts agricoles français sacrifiés sur l’autel du libre-échange. Face à ces inquiétudes, le gouvernement se veut rassurant, assurant que l’accord ne sera pas signé en l’état.
La France en quête d’alliés européens
Mais pour Sandrine Le Feur, cela ne suffit pas. La députée appelle la France à se montrer plus offensive sur la scène européenne, en cherchant activement des soutiens pour bloquer l’adoption du texte :
Nous devons trouver des alliés en Europe pour créer une minorité de blocage. Il faut empêcher toute conclusion de ce texte d’ici la fin de l’année.
Sandrine Le Feur, députée Renaissance
Une stratégie qui pourrait s’avérer payante, alors que plusieurs pays comme l’Irlande, la Pologne ou l’Autriche ont déjà exprimé leurs réserves. Reste à savoir si cela suffira à faire plier la Commission européenne, qui continue de défendre l’accord contre vents et marées.
Un débat sous haute tension
En attendant, les échanges promettent d’être animés à l’Assemblée nationale. Si le vote prévu n’est que consultatif, il permettra aux députés de faire entendre leur voix et d’envoyer un message fort à l’exécutif. Un exercice démocratique salué par Sandrine Le Feur :
On peut s’interroger sur l’intérêt d’un tel débat, vu l’unanimité contre cet accord. Mais toute initiative est bonne à prendre pour continuer de mettre la pression.
Sandrine Le Feur, députée Renaissance
Nul doute que les débats seront scrutés de près par les agriculteurs et les ONG, qui multiplient les actions pour dénoncer un accord jugé néfaste pour l’environnement, la santé et l’agriculture française. À l’image de la manifestation organisée ce week-end devant l’Assemblée, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes.
Le gouvernement face à ses contradictions
Pour l’exécutif, l’équation s’annonce compliquée. Pris en étau entre la pression de Bruxelles et la colère de la rue, Emmanuel Macron et son gouvernement tentent de garder le cap. Mais les contradictions sont de plus en plus flagrantes, comme le souligne une source proche du dossier :
D’un côté, on nous dit que l’accord ne sera pas ratifié en l’état. Mais de l’autre, on refuse d’entendre les demandes de renégociation. Il va falloir clarifier les choses.
Un grand écart de plus en plus difficile à tenir, alors que la pression monte de toutes parts. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir de cet accord controversé. Et force est de constater que le chemin vers sa ratification est encore long et semé d’embûches.
Un accord aux multiples enjeux
Car au-delà des questions agricoles, c’est tout un modèle de développement qui est en jeu. Entre la défense du multilatéralisme prônée par l’UE et la tentation du repli protectionniste, les lignes de fracture sont profondes.
Sans compter les enjeux environnementaux, avec la crainte de voir les pays du Mercosur profiter de l’accord pour accélérer la déforestation de l’Amazonie. Un risque jugé trop élevé par de nombreux experts, qui appellent à revoir en profondeur les mécanismes de contrôle prévus.
Autant de points de vigilance qui devront être examinés de près par les parlementaires. Avec en toile de fond, une question centrale : comment concilier ouverture commerciale et préservation des standards européens ? Un défi majeur pour l’avenir de notre agriculture et de notre planète.