Le mystère s’épaissit autour d’un navire chinois immobilisé dans les eaux danoises depuis plusieurs jours. Ce cargo, le Yi Peng 3, est soupçonné d’être impliqué dans la rupture de câbles sous-marins survenus mi-novembre en mer Baltique, qualifiée de sabotage par des responsables européens. Une affaire trouble qui intervient dans un contexte de fortes tensions régionales depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le ministère danois des Affaires étrangères a confirmé être « en dialogue permanent avec les pays les plus impliqués dans le traitement de cette affaire, y compris la Chine », tout en restant discret sur le contenu des échanges diplomatiques en cours.
Un navire au comportement suspect
Construit en 2001, le vraquier Yi Peng 3 navigait dans la zone des câbles de télécommunications les 17 et 18 novembre, d’après les données de géolocalisation. C’est à cette période précise que deux sections de câbles, situées dans les eaux suédoises, ont été mystérieusement sectionnées. Si rien ne prouve encore l’implication directe du cargo dans ces incidents, son comportement intrigue au plus haut point les autorités locales. Depuis mardi dernier, le navire reste ancré dans le détroit de Kattegat entre la Suède et le Danemark, étroitement surveillé par les marines des deux pays riverains.
Pékin nie toute responsabilité
Contacté à ce sujet, le ministère chinois des Affaires étrangères a fermement démenti toute implication dans le sabotage des câbles sous-marins. Une enquête a été ouverte par les polices suédoise et finlandaise pour tenter d’éclaircir les circonstances de cet acte malveillant. Certains responsables européens y voient un possible épisode de « guerre hybride », une expression souvent utilisée pour désigner les actions menées par la Russie contre les États soutenant l’Ukraine. Le Kremlin a cependant rejeté ces accusations.
Une région sous haute tension
Cet incident survient dans un contexte particulièrement tendu en mer Baltique depuis le déclenchement du conflit ukrainien en février 2022. La région a été le théâtre de plusieurs évènements préoccupants ces derniers mois :
- En septembre 2022, les gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Europe ont été touchés par une série d’explosions sous-marines, dont l’origine n’a pas encore été élucidée.
- En octobre dernier, un autre navire chinois a accidentellement endommagé avec son ancre un gazoduc entre la Finlande et l’Estonie, contraignant à sa fermeture temporaire.
Face à la multiplication de ces incidents, les pays riverains de la Baltique sont plus que jamais sur le qui-vive. La Suède et la Finlande ont engagé des démarches pour rejoindre rapidement l’OTAN, souhaitant renforcer leur sécurité face à la menace russe.
Un dénouement encore incertain
Pour l’heure, l’enquête sur le sabotage des câbles sous-marins se poursuit dans la plus grande discrétion. Aucun détail n’a filtré sur son état d’avancement ni sur d’éventuels éléments à charge contre le cargo chinois immobilisé. La diplomatie danoise reste également très évasive sur la teneur de ses échanges avec Pékin :
« Nous ne pouvons pas fournir plus d’informations sur le dialogue diplomatique. »
– Communiqué du ministère danois des Affaires étrangères
Il faudra sans doute encore patienter avant que toute la lumière soit faite sur cette étrange affaire. D’après certaines sources proches du dossier, les discussions entre Copenhague et Pékin se poursuivraient activement en coulisses pour tenter de dénouer la situation et éviter une escalade diplomatique. Le Yi Peng 3, lui, demeure pour le moment à l’ancre dans le détroit de Kattegat, symbole flottant des vives tensions qui agitent la région.