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Borussia Dortmund : Tempête autour du partenariat Rheinmetall

Séisme au Borussia Dortmund : le partenariat avec Rheinmetall, géant de l'armement, divise. Après un vote de défiance des membres, le club annonce une consultation généralisée pour trancher. Les valeurs du BVB sont-elles menacées par l'appât du gain ? La direction joue son avenir...

Les grandes ambitions sportives riment parfois avec de grandes controverses extra-sportives. C’est le cas au Borussia Dortmund, où le partenariat noué au printemps dernier avec Rheinmetall, mastodonte allemand de l’industrie de l’armement, soulève une vague d’indignation sans précédent au sein du club. Face à la gronde des supporters, la direction se retrouve dos au mur et pourrait devoir trancher une bonne fois pour toutes cette épineuse question : l’éthique est-elle soluble dans le sport business ?

Rheinmetall, un partenaire qui divise

Tout a commencé début juin 2023, quelques jours avant la finale de Ligue des Champions perdue contre le Real Madrid (0-2). Le Borussia Dortmund officialise la signature d’un contrat de sponsoring de trois ans avec Rheinmetall, géant de l’armement basé à Düsseldorf. Si le montant n’a pas été dévoilé, l’accord prévoit notamment la présence du logo de l’entreprise sur les maillots d’entraînement.

Immédiatement, ce partenariat fait grincer des dents parmi les fidèles du Mur Jaune. Dès la reprise de la Bundesliga en août, des banderoles hostiles fleurissent en tribunes : « Nos valeurs écrasées par les chars », « Le fric d’abord, les valeurs ensuite », peut-on ainsi lire lors de la réception de l’Eintracht Francfort. Le ton est donné.

Un vote de défiance qui en dit long

Dimanche, lors de l’assemblée générale annuelle du club, les membres ont eu l’occasion d’exprimer leur mécontentement vis-à-vis de cette alliance controversée. Sur les 855 votants, 556 se sont prononcés contre le partenariat avec Rheinmetall, soit 65%. Un camouflet pour la direction qui voit sa stratégie remise en cause par sa base.

Je souhaiterais que l’on ait une vue plus complète de ce que pensent nos 218.000 membres.

Hans-Joachim Watzke, patron du Borussia Dortmund

Bien que le résultat de cette consultation ne soit pas contraignant, Hans-Joachim Watzke, le patron du BVB, y voit « un signal clair ». Devant l’assemblée générale des actionnaires lundi, il a annoncé son intention d’organiser un vote à l’échelle des 218 000 membres que compte le club, afin de trancher définitivement la question. Un acte fort qui témoigne de la volonté d’apaisement de la direction face à une situation inédite.

Rheinmetall, un poids lourd entré au Dax

Il faut dire que l’entreprise Rheinmetall est devenue incontournable sur la scène économique allemande. Propulsé par le conflit en Ukraine, ce fabricant d’obus et d’équipements pour chars a intégré en 2023 le très select Dax, l’indice boursier des 40 plus grandes capitalisations allemandes. Une première historique pour une entreprise du secteur de la défense outre-Rhin.

Mais cette success story industrielle semble se heurter aux valeurs d’un club populaire et engagé comme Dortmund. Entre la quête de nouveaux marchés pour se développer et le respect de l’ADN du club, la direction va devoir clarifier ses priorités. Un délicat numéro d’équilibriste avec en toile de fond des enjeux financiers colossaux.

Le football business à la croisée des chemins

Au-delà du cas du Borussia, cette polémique révèle les contradictions croissantes du football moderne pris en étau entre des impératifs économiques et un attachement à des valeurs traditionnelles. À l’heure où les budgets des clubs s’envolent, les partenariats deviennent de plus en plus vitaux. Mais pas à n’importe quel prix pour certains supporters.

D’autres clubs européens ont déjà été confrontés à des controverses similaires ces dernières années. En Angleterre, Manchester United avait dû renoncer en 2021 à un lucratif contrat avec la compagnie aérienne saoudienne en raison des protestations de ses fans. Signe que l’éthique est un sujet de plus en plus central.

Au final, l’affaire Rheinmetall pourrait faire jurisprudence et inciter les dirigeants à davantage de prudence dans le choix de leurs sponsors. Car si l’argent est le nerf de la guerre dans le foot business, l’image et la réputation restent des actifs précieux. Décevoir ses supporters, c’est prendre le risque de se couper de sa base et de son histoire.

Une chose est sûre : le Mur Jaune aura son mot à dire sur l’avenir du partenariat entre le Borussia et l’industrie de l’armement. Un vote qui sera scruté bien au-delà de la Ruhr et qui pourrait peser lourd dans le débat sur la moralisation du sponsoring sportif. Affaire à suivre…

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