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Le nouvel élan des structures hospitalières dans la lutte contre les violences conjugales

À l'hôpital de la Timone, un dispositif pilote accompagne 24h/24 les victimes de violences conjugales. Des "sentinelles" formées assurent une prise en charge complète et confidentielle. Un modèle inspirant pour mieux protéger les femmes...

Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, les hôpitaux ont un rôle crucial à jouer. À Marseille, un dispositif innovant baptisé « les sentinelles » montre la voie en proposant un accompagnement sur-mesure aux victimes de violences intrafamiliales, et ce 24 heures sur 24.

Une prise en charge globale dès les urgences

Depuis mars 2023, une équipe d’une vingtaine d’infirmiers et d’aides-soignants volontaires de l’hôpital de la Timone s’est spécialisée dans l’accueil et l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales. Dès leur arrivée aux urgences, ces patientes bénéficient d’un parcours dédié :

  • Prise en charge immédiate dans un espace confidentiel
  • Examen médical et soins appropriés
  • Écoute attentive et bienveillante par un personnel formé
  • Aide pour le dépôt de plainte et les démarches juridiques
  • Orientation vers des structures d’hébergement spécialisées si besoin

L’objectif est d’offrir aux victimes un soutien complet, médical mais aussi psychologique et social, à toute heure du jour et de la nuit. Car rompre le silence est une étape cruciale, que les « sentinelles » s’attachent à faciliter.

Libérer la parole des victimes

Audrey Franciosini, infirmière référente du dispositif, témoigne de l’importance de créer un climat de confiance pour permettre aux femmes de se confier. « Certaines patientes nous font discrètement passer un message pour signaler qu’elles subissent des violences. Notre rôle est alors de les mettre en sécurité et de les rassurer sur la confidentialité de leur prise en charge », explique-t-elle.

Dès qu’elles arrivent aux urgences et se signalent, nous les recevons dans un espace dédié. Personne ne pourra avoir de leurs nouvelles sans leur accord.

Audrey Franciosini, infirmière

Cette année, plus de 500 femmes ont ainsi pu bénéficier de ce parcours spécifique à l’hôpital de la Timone. Un accompagnement salutaire, quand on sait qu’en moyenne, il faut 7 tentatives avant qu’une victime ne quitte définitivement son conjoint violent.

Un travail d’équipe fondé sur le volontariat

Afin d’offrir une disponibilité maximale, le dispositif mobilise en permanence des soignants volontaires et formés, les « sentinelles ». Infirmiers, aides-soignants, psychologues, assistantes sociales… C’est toute une chaîne de professionnels qui se coordonne pour apporter une réponse globale.

Au-delà de la prise en charge immédiate, les sentinelles assurent aussi un suivi sur le long terme. Constitution des dossiers médicaux et judiciaires, contact avec les associations, liaison avec les services sociaux… Un travail de l’ombre indispensable pour sécuriser le parcours des victimes.

Nous le faisons sur la base du volontariat et de la motivation. C’est un investissement qui demande du temps en plus de nos missions habituelles, mais nous sommes tous très impliqués.

Une infirmière du dispositif

Vers une généralisation du dispositif ?

Avec déjà plusieurs centaines de femmes prises en charge depuis son lancement, le bilan des « sentinelles » est très encourageant. De quoi susciter l’intérêt d’autres établissements, alors que les violences conjugales restent un fléau massif. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint.

Pour Audrey Franciosini, ce dispositif a vocation à essaimer dans tous les hôpitaux :

Disposer de personnel formé et dédié 24 heures sur 24, c’est fondamental pour repérer et accompagner les victimes. Nous espérons que notre expérience inspirera d’autres services d’urgences.

Audrey Franciosini

Car au-delà de la prise en charge d’urgence, les hôpitaux ont un rôle essentiel à jouer en matière de prévention, de détection et d’orientation des femmes victimes de violences. Un maillon indispensable dans la chaîne de solidarité qui doit se renforcer pour mieux protéger et accompagner les victimes.

À l’heure où le gouvernement érige la lutte contre les violences conjugales en « grande cause du quinquennat », l’initiative marseillaise montre qu’une mobilisation de l’ensemble du système de santé est possible et nécessaire. Pour que les femmes victimes sachent qu’elles peuvent trouver de l’aide à l’hôpital, à toute heure et en toute sécurité.

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