Logos alléchants, labels rassurants, scores attractifs… Mais que valent réellement les informations nutritionnelles affichées sur nos produits alimentaires ? Un rapport explosif de la Cour des comptes européenne met en lumière les dérives inquiétantes de l’étiquetage alimentaire au sein de l’Union européenne (UE). Plongée dans les méandres d’un système qui profite des failles législatives pour leurrer les consommateurs.
La jungle de l’étiquetage alimentaire en Europe
Nutri-Score, labels bio, allégations nutritionnelles en tout genre… Difficile de s’y retrouver face à la profusion de logos et de mentions qui ornent les emballages de nos aliments. Et pour cause. Selon le rapport de la Cour des comptes, il existerait des centaines de systèmes d’étiquetage différents à travers l’UE en l’absence d’une véritable harmonisation entre les pays membres.
Cette cacophonie expose les 450 millions de consommateurs européens à des messages potentiellement trompeurs, qu’ils soient le fruit d’une volonté délibérée ou d’un manque d’encadrement. Le rapport dénonce notamment les pratiques de greenwashing de certaines entreprises qui n’hésitent pas à mettre en avant les bons points de leurs produits pour mieux masquer leurs défauts.
Un cadre législatif lacunaire
Si l’UE a bien établi une série de règles sur les informations essentielles devant figurer sur les denrées alimentaires, force est de constater que ce cadre souffre de lacunes inquiétantes. Ainsi, les contrôles effectués par les États membres sont jugés insuffisants et les amendes pas toujours dissuasives.
Mais ce n’est pas tout. La législation européenne autorise actuellement les fabricants à vanter les mérites nutritionnels d’un produit, comme sa richesse en vitamine C ou en fibres, même si celui-ci contient parallèlement une teneur élevée en graisses et en sucres. De quoi induire en erreur le consommateur sur la qualité réelle de son alimentation.
La coexistence problématique de plusieurs systèmes d’étiquetage
Nutri-Score, Keyhole, NutrInform Battery… L’Europe compte actuellement pas moins de quatre systèmes d’étiquetage nutritionnel différents. Une situation qui, selon le rapport, risque d’entraîner une fragmentation du marché européen et de désorienter les consommateurs. Comment en effet comparer des produits similaires si ceux-ci n’utilisent pas le même référentiel ?
Des allégations santé non fondées scientifiquement
Le rapport épingle également le cas des produits végétaux dits « botaniques » qui prétendent, sans preuve scientifique, avoir des effets bénéfiques pour la santé. En l’absence d’une liste européenne sur le sujet, chaque pays y va de son approche, laissant le champ libre à des promesses marketing potentiellement trompeuses sur les emballages.
L’audit relève par exemple un produit au ginseng censé favoriser le « tonus et la récupération musculaire » sans que cette allégation ne repose sur une quelconque évaluation scientifique.
Un vide juridique autour des mentions « végétarien » et « vegan »
Enfin, l’absence de règles européennes concernant les labels végétariens et végétaliens, non définis dans la législation de l’UE, est pointée du doigt. Une situation qui laisse là encore la porte ouverte à toutes les interprétations et approximations de la part des industriels.
En résumé, ce rapport met en évidence les failles béantes du système d’étiquetage alimentaire européen, terrain de jeu rêvé pour les pratiques commerciales trompeuses. Face à ce constat alarmant, il apparaît urgent que l’UE se dote d’un cadre législatif plus strict et harmonisé pour protéger efficacement les consommateurs et leur permettre de faire des choix éclairés. Un enjeu crucial pour la santé publique sur le Vieux Continent.
