C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire qui secoue le rugby français depuis plusieurs mois. Lundi, la justice argentine a entamé l’examen de la demande de non-lieu pour Hugo Auradou et Oscar Jegou, les deux internationaux du XV de France inculpés de viol aggravé en marge d’une tournée estivale. Près de cinq mois après les faits présumés, survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet à Mendoza, le parquet a annoncé qu’il plaiderait l’abandon des poursuites.
Les deux jeunes rugbymen de 21 ans, qui encourent entre 8 et 20 ans de prison en cas de procès, clament depuis le début leur innocence. Selon eux, les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans mère de deux enfants rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties et sans violence. Une version battue en brèche par l’avocate de la victime présumée, qui dénonce un viol d’une « violence terrible ».
Le parquet ne demande pas de procès
Mais au fil de l’enquête, à coup d’analyses de témoignages, d’images de vidéosurveillance et de messages audios, l’accusation initiale semble avoir perdu de sa force. Fin août, le parquet relevait ainsi que « tous les éléments évalués en leur ensemble ne mènent qu’à une issue : la déclaration d’innocence ». Une analyse qui a ouvert la voie au retour en France d’Auradou et Jegou, après un peu plus d’une semaine en détention préventive et près d’un mois assignés à résidence.
Leurs avocats, qui dénoncent un « mensonge mal intentionné » derrière la plainte, avec des « visées financières » d’indemnisation, se montrent confiants à l’approche de l’audience à huis clos de ce lundi. « Tous les éléments évalués en leur ensemble ne mènent qu’à une issue : la déclaration d’innocence », estime Me German Hnatow.
L’avocate de la plaignante dénonce la partialité de la justice
De son côté, l’avocate de la plaignante, Natacha Romano, s’en prend régulièrement à la justice provinciale de Mendoza, qu’elle accuse de partialité dans le traitement du témoignage de sa cliente. En septembre, elle avait tenté, sans succès, de faire récuser les deux procureurs co-chargés de l’enquête, puis la semaine dernière encore la juge présidant l’audience.
L’accusation initiale a perdu de sa force
Le parquet, fin août
En fonction des arguments présentés lors de l’audience de ce lundi, la juge Eleonora Arenas pourrait rendre sa décision sur le non-lieu dans la foulée. Plus vraisemblablement, selon des avocats, elle devrait mettre sa décision en délibéré et trancher dans quelques jours. Si la demande de non-lieu est acceptée, Hugo Auradou et Oscar Jegou pourront définitivement refermer ce chapitre judiciaire et se concentrer sur leur carrière rugbystique. Dans le cas contraire, la perspective d’un procès, avec de lourdes peines de prison à la clé en cas de condamnation, se profilerait.
En résumé : les points clés de l’affaire
- 6-7 juillet : faits présumés de viol aggravé à Mendoza (Argentine) impliquant 2 rugbymen français
- Hugo Auradou et Oscar Jegou inculpés, ils clament leur innocence
- Plaignante argentine de 39 ans, mère de deux enfants
- Enquête affaiblit l’accusation, retour en France autorisé fin août
- Parquet favorable à un non-lieu, plaide abandon des poursuites
- Audience lundi pour examiner demande de non-lieu
- Décision possible immédiatement ou mise en délibéré
Un dossier très sensible donc, aux lourds enjeux sportifs et humains, dont l’épilogue judiciaire est peut-être imminent. La décision de la juge argentine sera évidemment très scrutée des deux côtés de l’Atlantique.