Plus d’une décennie après le début de la guerre civile en Syrie, la question des armes chimiques continue de hanter le pays. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a récemment exprimé sa vive préoccupation concernant le manque de transparence de la Syrie sur ses stocks d’agents de guerre potentiellement interdits. Selon le directeur général de l’organisation, Fernando Arias, de grandes quantités pourraient être impliquées.
La Syrie sous la loupe de l’OIAC depuis 2013
La Syrie a accepté de rejoindre l’OIAC en 2013, peu après une attaque présumée au gaz de combat qui a fait plus de 1400 morts près de Damas. Mais malgré cet engagement, le dossier des armes chimiques syriennes est loin d’être clos. L’OIAC a déjà accusé le régime de Bachar al-Assad d’avoir utilisé des armes chimiques durant la guerre civile, des allégations que Damas nie fermement.
19 sujets encore non résolus
Lors d’une réunion annuelle, M. Arias a déclaré qu’entre 2014 et aujourd’hui, l’OIAC avait signalé un total de 26 sujets non résolus concernant les stocks d’armes chimiques syriens. Seuls 7 d’entre eux ont pu être réglés à ce jour. Le contenu des 19 sujets restants est jugé « très préoccupant » par l’organisation, car il concerne potentiellement de grandes quantités d’agents et de munitions non déclarés ou non vérifiés.
Des sanctions sans précédent
Face à ce manque de coopération, l’OIAC a pris une décision inédite en 2021 en suspendant les droits de vote de la Syrie. Cette sanction fait suite à des attaques au gaz contre des civils en 2017, dont la Syrie a nié être l’auteur. En 2022, l’organisation a également accusé Damas d’être à l’origine d’une attaque au chlore en 2018 qui a tué 43 personnes.
Un conflit dévastateur
Le conflit syrien, qui a éclaté en 2011 suite à la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes. Le pays est aujourd’hui morcelé. Malgré les dénégations répétées du pouvoir syrien, qui assure avoir rendu ses stocks, la question des armes chimiques continue de planer comme une ombre menaçante sur l’avenir de la Syrie.
Malgré plus d’une décennie de travail intensif, le dossier des armes chimiques de la République arabe syrienne ne peut toujours pas être clos.
Fernando Arias, directeur général de l’OIAC
La communauté internationale reste donc vigilante face à cette situation préoccupante. L’enjeu est de taille : empêcher que ces armes terrifiantes ne soient à nouveau utilisées contre des populations civiles. Mais dans un pays ravagé par plus de dix ans de guerre, où les tensions restent vives, la tâche s’annonce ardue. La pression doit être maintenue sur le régime syrien pour qu’il coopère pleinement avec l’OIAC et fasse toute la lumière sur son arsenal chimique. C’est une condition essentielle pour espérer tourner un jour cette sombre page de l’histoire syrienne.