C’est un véritable séisme qui vient de frapper la sidérurgie européenne. D’après une source proche du dossier, le conglomérat allemand Thyssenkrupp a annoncé lundi une réduction drastique de 11 000 postes dans sa branche acier d’ici 2030. Une décision choc face aux difficultés croissantes rencontrées par le secteur, mis à mal par la concurrence féroce de l’acier chinois et des coûts de production jugés trop élevés.
5000 emplois supprimés, 6000 externalisés
Selon les informations communiquées par l’entreprise, ce sont environ 5000 emplois qui seront purement et simplement supprimés au cours des 7 prochaines années. En parallèle, 6000 autres postes seront externalisés vers des filiales ou des sous-traitants. L’objectif affiché est clair : réduire les coûts salariaux de 10% en moyenne d’ici 2030 pour les « adapter à un niveau compétitif » selon les mots de la direction.
Cette restructuration massive intervient alors que la branche acier de Thyssenkrupp enchaîne les pertes depuis plusieurs trimestres. Au troisième trimestre 2024, l’entreprise enregistrait ainsi une croissance de seulement 4,6%, parmi les plus faibles depuis des décennies pour le mastodonte de la sidérurgie. Un constat alarmant qui pousse aujourd’hui le groupe à réagir de manière radicale.
La Chine, bête noire de l’acier européen
Au cœur des difficultés de Thyssenkrupp et plus largement de la sidérurgie du Vieux Continent : la montée en puissance inexorable de la Chine sur le marché mondial de l’acier. Poussé par des aides d’État conséquentes et des coûts de main d’œuvre imbattables, l’Empire du Milieu a progressivement grignoté des parts de marché colossales, exerçant une pression concurrentielle considérable sur les acteurs historiques.
En l’espace de 20 ans, la production d’acier chinoise a ainsi été multipliée par 6, dépassant désormais celle de l’Europe, du Japon et des États-Unis réunis. Une hégémonie qui tire inexorablement les prix vers le bas et contraint les sidérurgistes européens à comprimer au maximum leurs coûts et leurs effectifs pour rester dans la course. Un défi herculéen et souvent douloureux socialement, comme l’illustre le plan annoncé ce jour par Thyssenkrupp.
Un modèle social européen fragilisé
Au-delà du cas spécifique de Thyssenkrupp, c’est tout le modèle social de l’industrie européenne qui se retrouve sous pression face à la donne économique actuelle. Avec ses standards élevés en termes de rémunérations, de conditions de travail et de protection sociale, l’Europe peine aujourd’hui à rivaliser avec les pays émergents sur les coûts.
Une situation qui pousse de nombreux groupes industriels à envisager des restructurations profondes, souvent synonymes de réductions d’effectifs massives. Un phénomène encore accentué par les mutations technologiques en cours comme la digitalisation et la robotisation des activités de production.
Il est urgent de changer le modèle européen de croissance. L’Europe doit impérativement moderniser ses industries et transformer ses matières premières pour créer plus de valeur ajoutée.
– Kako Nubukpo, économiste
Quelles solutions pour l’acier européen ?
Face à ce constat préoccupant, les spécialistes appellent l’Europe à réagir urgemment pour défendre sa souveraineté industrielle et son modèle social. Parmi les pistes évoquées :
- Instaurer des barrières douanières ciblées pour protéger les producteurs européens de la concurrence déloyale
- Doper les investissements dans la recherche, l’innovation et la montée en gamme
- Développer une véritable stratégie industrielle européenne coordonnée entre États-membres
- Accompagner les restructurations et la formation des salariés impactés par les mutations du secteur
Des mesures ambitieuses et complexes à mettre en œuvre au niveau communautaire, mais qui apparaissent plus que jamais nécessaires pour endiguer le déclin de la sidérurgie européenne et les destructions d’emplois associées. L’annonce choc de Thyssenkrupp constitue en cela un véritable électrochoc pour l’Europe. Reste à savoir si elle sera en mesure d’y apporter une réponse à la hauteur des enjeux.
Au cœur des difficultés de Thyssenkrupp et plus largement de la sidérurgie du Vieux Continent : la montée en puissance inexorable de la Chine sur le marché mondial de l’acier. Poussé par des aides d’État conséquentes et des coûts de main d’œuvre imbattables, l’Empire du Milieu a progressivement grignoté des parts de marché colossales, exerçant une pression concurrentielle considérable sur les acteurs historiques.
En l’espace de 20 ans, la production d’acier chinoise a ainsi été multipliée par 6, dépassant désormais celle de l’Europe, du Japon et des États-Unis réunis. Une hégémonie qui tire inexorablement les prix vers le bas et contraint les sidérurgistes européens à comprimer au maximum leurs coûts et leurs effectifs pour rester dans la course. Un défi herculéen et souvent douloureux socialement, comme l’illustre le plan annoncé ce jour par Thyssenkrupp.
Un modèle social européen fragilisé
Au-delà du cas spécifique de Thyssenkrupp, c’est tout le modèle social de l’industrie européenne qui se retrouve sous pression face à la donne économique actuelle. Avec ses standards élevés en termes de rémunérations, de conditions de travail et de protection sociale, l’Europe peine aujourd’hui à rivaliser avec les pays émergents sur les coûts.
Une situation qui pousse de nombreux groupes industriels à envisager des restructurations profondes, souvent synonymes de réductions d’effectifs massives. Un phénomène encore accentué par les mutations technologiques en cours comme la digitalisation et la robotisation des activités de production.
Il est urgent de changer le modèle européen de croissance. L’Europe doit impérativement moderniser ses industries et transformer ses matières premières pour créer plus de valeur ajoutée.
– Kako Nubukpo, économiste
Quelles solutions pour l’acier européen ?
Face à ce constat préoccupant, les spécialistes appellent l’Europe à réagir urgemment pour défendre sa souveraineté industrielle et son modèle social. Parmi les pistes évoquées :
- Instaurer des barrières douanières ciblées pour protéger les producteurs européens de la concurrence déloyale
- Doper les investissements dans la recherche, l’innovation et la montée en gamme
- Développer une véritable stratégie industrielle européenne coordonnée entre États-membres
- Accompagner les restructurations et la formation des salariés impactés par les mutations du secteur
Des mesures ambitieuses et complexes à mettre en œuvre au niveau communautaire, mais qui apparaissent plus que jamais nécessaires pour endiguer le déclin de la sidérurgie européenne et les destructions d’emplois associées. L’annonce choc de Thyssenkrupp constitue en cela un véritable électrochoc pour l’Europe. Reste à savoir si elle sera en mesure d’y apporter une réponse à la hauteur des enjeux.