C’est une nomination qui fait des vagues en Espagne. Teresa Ribera, ancienne ministre de la Transition écologique, vient d’être nommée vice-présidente de la Commission européenne, en charge de portefeuilles majeurs comme l’écologie et la concurrence. Une promotion saluée par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, mais décriée par l’opposition de droite qui crie au scandale.
Sánchez s’enthousiasme, la droite s’insurge
Pour Pedro Sánchez, la nomination de Teresa Ribera est une consécration, le signe que l’Espagne compte sur la scène européenne. «C’est une perte pour l’Espagne mais un gain pour toute l’Europe», a-t-il déclaré avec emphase, vantant «une excellente première vice-présidente» pour la Commission. Mais dans le camp d’en face, c’est un tout autre son de cloche.
Le Parti Populaire, principale force d’opposition, a tout fait pour torpiller cette nomination. En cause : la gestion par Teresa Ribera des terribles inondations qui ont frappé le sud-est de l’Espagne fin octobre, faisant plus de 200 morts. Les conservateurs accusent l’ex-ministre d’avoir failli, en ne transmettant pas à temps les alertes météo à la région de Valence, la plus touchée.
«Peu utile d’avoir toutes les informations nécessaires si la personne qui doit répondre ne sait pas comment le faire»
Teresa Ribera, s’adressant au gouvernement de Valence
Polémique sur fond de rivalité politique
Une accusation balayée par la principale intéressée devant le Parlement. Teresa Ribera assure que son ministère a bien fait son travail d’alerte, mais que c’est le gouvernement de Valence, dirigé par le PP, qui a failli dans la gestion de crise. Une passe d’armes qui illustre la rivalité féroce entre PSOE et PP, sur fond de course à la succession de Pedro Sánchez.
Car au-delà des polémiques, le départ de Teresa Ribera ouvre une brèche dans le dispositif de Sánchez. Cette figure montante, artisane du virage écologiste des socialistes, laisse un grand vide. C’est sa numéro deux, Sara Aagesen, qui récupère son ministère et son rang de vice-présidente. Un choix de continuité mais qui prive Sánchez d’un atout maître.
L’Europe, une opportunité pour rebondir ?
Pour Teresa Ribera en revanche, Bruxelles est une formidable opportunité. Après une fin de mandat agitée à Madrid, elle peut espérer rebondir sur la scène européenne, où les questions écologiques sont au cœur des priorités. Un défi taillé sur mesure pour cette experte du climat, qui aura aussi la lourde tâche de réguler la concurrence en Europe.
Reste à savoir si les «calomnies» dénoncées par Pedro Sánchez ne viendront pas la rattraper dans ses nouvelles fonctions. L’opposition espagnole pourrait être tentée d’agiter le chiffon rouge de la polémique pour lui compliquer la tâche à Bruxelles. Teresa Ribera joue gros sur ce nouveau mandat. L’avenir dira si sa réputation résistera à ce grand saut dans la capitale européenne.
Une chose est sûre : la politique espagnole n’a pas fini de résonner dans les couloirs de la Commission européenne. Avec l’arrivée de Teresa Ribera, c’est un peu de l’intensité des joutes madrilènes qui s’invite à Bruxelles. Un nouveau chapitre s’ouvre pour cette femme politique atypique, propulsée malgré elle au cœur des intrigues de pouvoir européennes.