Quand un auteur de comics est auréolé de quatre prestigieux Eisner Awards en une seule année, difficile de passer à côté de son dernier titre en date. C’est le cas de James Tynion IV, 35 ans à peine et déjà considéré comme l’un des scénaristes les plus brillants de sa génération. Après les excellents Something is Killing the Children et The Department of Truth, il revient avec The Nice House on the Lake, un survival post-apocalyptique étouffant qui confirme tout son talent pour les récits d’horreur.
L’apocalypse au bord de l’eau
Le pitch est aussi simple qu’efficace. Walter invite ses huit meilleurs amis à passer des vacances dans un sublime chalet au bord d’un lac. L’occasion de renouer des liens distendus par le temps. Mais une fois sur place, le groupe découvre que le monde extérieur est en train de sombrer dans le chaos le plus total. Pire, il semblerait que leur hôte soit au courant de quelque chose… Impossible de quitter les lieux. Les masques tombent. La paranoïa s’installe. Chacun suspecte l’autre. Un véritable concentré de tensions, de non-dits et de secrets inavouables.
James Tynion IV, grand amateur de Stephen King, joue à merveille de ce huis clos anxiogène pour explorer les réactions humaines face à une situation de crise mondiale. Les flashbacks réguliers permettent de mieux cerner la psychologie et les relations complexes entre les protagonistes. On comprend vite que derrière les apparences d’une amitié solide se cachent bien des failles et des rancœurs.
Quand l’horreur se fait miroir de notre époque
Au-delà du survival angoissant, The Nice House on the Lake se veut une métaphore glaçante de nos sociétés modernes, comme l’explique l’auteur :
L’idée centrale que j’avais envie de développer, c’était la tension qui naît du fait de vivre confortablement dans un monde qui s’écroule autour de vous. Je pense que c’est quelque chose que nous vivons tous dans notre monde moderne.
Difficile en effet de ne pas faire le parallèle avec les crises que nous traversons, du changement climatique au Covid en passant par les tensions géopolitiques. James Tynion IV signe là un récit d’une actualité brûlante, qui résonne en chacun de nous.
Un trait vif pour servir le propos
Si le scénario tient en haleine de bout en bout, le dessin d’Álvaro Martínez Bueno n’est pas en reste. Vif, expressif, hyper détaillé, avec un découpage permanent, il sert parfaitement les ambiances et les émotions des personnages. Un trait incisif renforcé par les couleurs contrastées de Jordie Bellaire, qui jouent sur les teintes froides et les ombres inquiétantes.
Urban Comics a eu la bonne idée de publier les deux tomes de ce premier arc narratif en grand format, pour mieux apprécier la qualité graphique de l’ensemble. Une édition à la hauteur de ce titre d’ores et déjà culte.
Notre avis sur The Nice House on the Lake
En à peine deux tomes, The Nice House on the Lake s’impose comme un nouveau classique de la bande dessinée d’horreur. Maître du suspense, James Tynion IV parvient à surprendre le lecteur à chaque page, tout en distillant une réflexion pertinente sur notre époque et nos contradictions. Brillamment mis en scène par Álvaro Martínez Bueno, ce huis clos glaçant vous hantera bien après l’avoir refermé. Un comics qui confirme le statut d’auteur majeur de James Tynion IV, à suivre de très près.
Informations sur la série
- Titre : The Nice House on the Lake
- Scénario : James Tynion IV
- Dessin : Álvaro Martínez Bueno
- Couleurs : Jordie Bellaire
- Éditeur : Urban Comics
- Nombre de tomes parus : 2 (série en cours)
Un comics à ne surtout pas manquer pour les amateurs d’horreur exigeants et tous ceux qui s’interrogent sur le monde actuel. James Tynion IV signe une nouvelle pépite du genre, aussi passionnante que dérangeante. Âmes sensibles s’abstenir, les autres foncez les yeux fermés, vous ne le regretterez pas !