Depuis trois semaines, les forces de sécurité sud-africaines sont postées devant l’entrée d’un puits de mine d’or désaffecté à Stilfontein, à environ 150 km au sud-ouest de Johannesburg. Leur mission : procéder à l’arrestation de centaines de mineurs illégaux, surnommés « zama zamas » (« ceux qui essaient » en langue zouloue), qui se cacheraient encore dans les galeries souterraines. Une opération controversée qui a déjà mené à l’interpellation de plus d’un millier de personnes selon les autorités.
Une stratégie policière décriée
Pour forcer les mineurs clandestins à remonter à la surface, la police a décidé de bloquer par intermittence le ravitaillement apporté par les habitants des environs. Une méthode qui suscite l’indignation de certains, craignant que les « zama zamas » ne meurent de faim ou de froid sous terre.
Au total, 14 mineurs clandestins ont refait surface la nuit dernière, ce qui prouve qu’ils ne sont pas piégés, mais qu’ils refusent simplement de remonter à la surface.
La police sud-africaine
Selon un communiqué de la police, les 14 personnes arrêtées dans la nuit « sont toutes mozambicaines ». D’autres seraient « retournées en courant dans le puits dès qu’elles ont vu des policiers ».
Des milliers de mineurs illégaux en Afrique du Sud
L’Afrique du Sud, riche en ressources minérales, attire de nombreux travailleurs clandestins originaires de pays voisins comme le Mozambique. Ces « zama zamas » vivent et travaillent dans des conditions extrêmement difficiles au fond des mines, souvent abandonnées ou désaffectées. D’après une source locale, ils seraient jusqu’à 4000 cachés dans le puits de Stilfontein, un chiffre que la police n’a pas confirmé, évoquant plutôt quelques centaines d’individus.
Une réputation sulfureuse
Au sein de la population sud-africaine, les mineurs illégaux sont parfois associés à une hausse de la criminalité. Un argument repris par certains responsables politiques pour justifier la fermeté de l’opération en cours.
Nous allons les débusquer.
Khumbudzo Ntshavheni, ministre auprès de la présidence
Le président Ramaphosa monte au créneau
Face aux critiques, le président Cyril Ramaphosa a tenu à défendre personnellement la stratégie policière consistant à priver les mineurs de ravitaillement. Il a qualifié les « zama zamas » de « menace pour l’économie et la sécurité » du pays.
Ceux qui sont en bonne santé sont détenus et seront traités conformément à la loi. Ceux qui ont besoin de soins médicaux seront emmenés à l’hôpital sous la surveillance de la police.
Cyril Ramaphosa, président sud-africain
Selon les derniers chiffres communiqués par la présidence, plus d’un millier de mineurs illégaux seraient déjà remontés à la surface depuis le début de l’opération et auraient été placés en détention. Le site de Stilfontein a été qualifié de « scène de crime » par M. Ramaphosa. Mais l’ampleur du phénomène et la complexité de la situation laissent présager une traque de longue haleine pour les autorités sud-africaines, sur fond de polémique grandissante autour des méthodes employées et du sort réservé à ces travailleurs de l’ombre.