Les négociations sur le climat de la COP29 à Bakou se sont conclues dimanche sur une note amère. Malgré les efforts déployés, aucun accord explicite n’a été trouvé concernant la transition progressive vers une sortie des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement climatique. Un échec qui suscite l’inquiétude des experts et fait craindre un dangereux pas en arrière dans la lutte contre le changement climatique.
Un recul préoccupant pour l’avenir du climat
Le résultat de cette COP29 est jugé très préoccupant par de nombreux observateurs. François Gemenne, chercheur belge en politique du climat et coauteur du 6e rapport du Giec, déplore qu’on n’ait « même pas obtenu une reprise des termes de la COP28 » concernant la sortie des énergies fossiles. Pour lui, c’est un signal alarmant qui montre que les ambitions climatiques sont revues à la baisse.
Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris sur le climat, abonde dans ce sens. Elle estime que « les conclusions à Bakou ne sont pas aussi ambitieuses que le moment l’exige » et pointe du doigt une « présidence de COP pas assez préparée » qui a défendu les énergies fossiles.
L’accord de Paris « sous assistance respiratoire »
Pour Natalie Jones de l’Institut international pour le développement durable (IISD), la mise de côté de la question des fossiles place carrément les accords de Paris « sous assistance respiratoire ». Elle craint qu’une année de progrès potentiels ne soit perdue, d’autant plus qu’un « leadership moins ambitieux » sur le climat est attendu l’an prochain avec notamment le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis.
Cette inquiétude est renforcée par le fait que lors du dernier G20 pendant la COP, l’engagement de s’éloigner des énergies fossiles avait déjà disparu de la déclaration finale, alors qu’il figurait dans un texte ministériel en octobre. Un recul progressif qui devient de plus en plus préoccupant.
Des pays déçus, un report des discussions
Plusieurs pays ont exprimé leur déception et leurs objections à la clôture des pourparlers dimanche. Le délégué canadien a regretté qu’on ne soit « pas à la hauteur » des « engagements historiques » pris il y a un an pour s’éloigner des combustibles fossiles. Le représentant des Fidji a même qualifié cela « d’affront ».
Mais face à l’opposition du groupe des pays arabes qui rejetait tout accord ciblant les énergies fossiles, la présidence azerbaïdjanaise a préféré reporter le sujet, estimant qu’un consensus était impossible. Certains y voient un échec, d’autres considèrent que la priorité était l’accord sur le financement pour éviter un effondrement total du processus.
Nous pouvons encore espérer de meilleurs résultats l’année prochaine.
Un négociateur européen
La question des fossiles « repoussée » mais pas close
Si la déception est grande, tout espoir n’est cependant pas perdu. Le texte non adopté à Bakou devrait être rediscuté lors de la réunion des négociateurs en juin prochain en Allemagne. L’OCDE doit aussi se réunir à nouveau pour discuter d’un accord visant à interdire le financement à l’exportation de projets directs de combustibles fossiles.
Pour Laurence Tubiana, la discussion sur les fossiles n’est donc « pas close », elle est juste « repoussée ». Il faudra cependant redoubler d’efforts et de volonté politique pour obtenir des avancées significatives et maintenir l’objectif crucial de limiter le réchauffement à 1,5°C. L’avenir du climat en dépend.