Actualités

Négociations cruciales pour un traité mondial contre la pollution plastique

Les négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique entrent dans une phase cruciale à Busan. Malgré les divergences, un accord ambitieux est plus que jamais nécessaire pour préserver l'avenir de notre planète. Mais les intérêts particuliers pourraient faire dérailler le processus...

Alors que la pollution plastique a atteint des niveaux alarmants partout sur la planète, des négociations internationales cruciales s’ouvrent ce lundi à Busan en Corée du Sud. L’objectif : parvenir enfin à un accord ambitieux et contraignant pour endiguer ce fléau qui menace les écosystèmes et la santé humaine. Mais le chemin s’annonce semé d’embûches, tant les intérêts divergent entre pays producteurs et consommateurs, industriels et défenseurs de l’environnement.

Une pollution plastique omniprésente et préoccupante

Depuis plusieurs années, les études scientifiques ne cessent d’alerter sur l’ampleur de la pollution plastique. Selon les données de l’OCDE, le monde a produit environ 460 millions de tonnes de plastique en 2019, soit deux fois plus qu’en 2000. Le problème, c’est que plus de 90% de ces plastiques ne sont jamais recyclés. Ils se retrouvent dans la nature, les océans, et même jusque dans notre alimentation et notre organisme.

Cette pollution a des conséquences dramatiques sur la biodiversité marine, avec plus d’un million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins qui meurent chaque année à cause de l’ingestion de plastiques ou de l’enchevêtrement dans des déchets. Mais elle affecte aussi directement les humains. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, les poumons et même le placenta de femmes enceintes. Sans parler de l’impact sur le climat, puisque l’industrie plastique représente environ 3% des émissions mondiales de CO2.

Un traité mondial pour réguler la production et les déchets

Face à ce constat alarmant, la communauté internationale a décidé d’agir. Depuis 2022, des négociations sont en cours sous l’égide de l’ONU pour élaborer un traité mondial juridiquement contraignant sur les plastiques. L’objectif est de couvrir l’ensemble du cycle de vie des plastiques, de la production à la gestion des déchets, en passant par la conception des produits. Car pour beaucoup d’experts et d’ONG, il est urgent de s’attaquer à la source du problème.

Nous ne pouvons plus nous contenter de mieux gérer les déchets. Il faut réduire drastiquement la production de plastiques, en particulier ceux à usage unique.

explique Diane Beaumenay-Joannet de l’ONG Surfrider Foundation

Parmi les mesures phares en discussion : des objectifs chiffrés de réduction de la production, l’interdiction de certains produits polluants comme les sachets plastiques, des obligations de recyclage et de réutilisation, ou encore des mécanismes de financement pour aider les pays en développement. Autant de sujets complexes et potentiellement clivants, sur lesquels les négociateurs vont devoir trouver un compromis d’ici vendredi.

Des divergences persistantes entre États

Le problème, c’est que tous les pays ne partagent pas la même ambition ni les mêmes intérêts. Selon des sources proches des discussions, deux principaux blocs s’opposent. D’un côté, la « Coalition des pays ambitieux », qui rassemble notamment des États africains et européens, ainsi que des petites îles particulièrement touchées par la pollution. Ils militent pour un traité couvrant l’ensemble du cycle de vie du plastique et fixant des objectifs contraignants de réduction. De l’autre, des pays producteurs de pétrole comme les États-Unis, l’Arabie Saoudite ou la Russie, qui freinent des quatre fers. Ils voudraient limiter le traité à la seule gestion des déchets.

Ces divergences ont considérablement ralenti les négociations lors des précédentes sessions. Le projet de texte actuel atteindrait plus de 70 pages truffées de désaccords. Pour débloquer la situation, le président des discussions, l’ambassadeur équatorien Gustavo Meza-Cuadra, a soumis ce week-end un nouveau projet « de compromis » resserré à 17 pages. Mais au grand dam des ONG, ce brouillon édulcore considérablement les propositions des pays ambitieux.

Ce texte est très en deçà de ce qui est nécessaire pour résoudre la crise du plastique. Il ne fixe aucun objectif chiffré de réduction et renvoie de nombreux sujets clés à plus tard.

déplore Nathalie Gontard, experte en emballages durables

La pression monte pour obtenir un accord ambitieux

Malgré ces difficultés, la pression monte pour parvenir à un accord ambitieux à Busan. Plus de 2,4 millions de personnes ont signé une pétition initiée par des ONG réclamant un traité véritablement contraignant. Plusieurs grandes entreprises, comme Unilever ou Coca-Cola, ont aussi appelé à des objectifs ambitieux, y voyant une opportunité de transition vers des modèles plus durables.

Pour Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), il est crucial de conclure les négociations dès cette semaine pour respecter l’échéance de 2024. « Nous avons une occasion unique de créer un traité exhaustif et ambitieux qui s’attaque à la pollution plastique à la racine », estime-t-elle. Réponse d’ici vendredi, date prévue de la fin des négociations. D’ici là, chaque minute compte pour tenter de rapprocher les positions et éviter un accord au rabais qui ne serait qu’un écran de fumée.

Les points clés à retenir

  • Le dernier cycle de négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique s’est ouvert lundi à Busan en Corée du Sud.
  • L’objectif est de conclure un accord juridiquement contraignant d’ici fin 2024 pour réguler la production, l’usage et la gestion des déchets plastiques.
  • Mais de profondes divergences opposent les pays partisans d’un traité ambitieux couvrant tout le cycle de vie des plastiques, et des États producteurs de pétrole qui veulent limiter sa portée.
  • Malgré les pressions de la société civile et des entreprises, les négociations s’annoncent ardues pour parvenir à un compromis ambitieux à la hauteur des enjeux environnementaux et sanitaires.
Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.