L’arrestation de l’écrivain algérien Boualem Sansal soulève de vives inquiétudes dans le monde littéraire. Âgé de 75 ans, l’auteur engagé dans la lutte contre le fondamentalisme religieux et l’autoritarisme aurait été appréhendé le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger, alors qu’il revenait de France. Depuis, un silence pesant entoure les circonstances et les motifs de cette détention, laissant craindre une atteinte aux libertés fondamentales.
Un avocat déterminé à faire respecter les droits de Boualem Sansal
Face à cette situation préoccupante, les éditions Gallimard ont mandaté Maître François Zimeray, avocat spécialiste des droits de l’Homme, pour assurer la défense de Boualem Sansal. Dans un communiqué, l’ancien ambassadeur de France au Danemark s’est dit « vigilant quant au respect de son droit au procès équitable, conformément aux engagements internationaux souscrits par l’Algérie ». Une prise de position ferme qui témoigne de la gravité de l’affaire.
Une mobilisation internationale du monde littéraire
La disparition brutale de Boualem Sansal a suscité une vague d’indignation et de solidarité au sein de la communauté littéraire internationale. De nombreux écrivains de renom, lauréats de prestigieux prix, ont publiquement exprimé leur soutien et appelé à sa libération immédiate :
- Trente lauréats du grand prix de l’Académie française ont lancé un appel aux autorités algériennes « pour qu’elles s’assurent de la sauvegarde physique et du respect des droits élémentaires de notre ami ».
- Plusieurs Prix Nobel de littérature, dont Annie Ernaux et Orhan Pamuk, ont également demandé sa « libération immédiate » dans une tribune initiée par Kamel Daoud, lauréat du Goncourt 2024.
Malgré ces mobilisations, Philippe Claudel, président de l’Académie Goncourt, a déploré le peu de poids du monde littéraire dans ce type de situation : « Le monde littéraire se mobilise, mais cette mobilisation est symbolique car nous n’avons aucun pouvoir ».
Des déclarations de Boualem Sansal qui auraient déplu aux autorités ?
Si les raisons officielles de l’arrestation n’ont pas été communiquées, certains observateurs avancent que des déclarations récentes de Boualem Sansal à un média français auraient pu irriter les autorités algériennes. Selon une source proche du dossier, l’écrivain aurait en effet semblé remettre en cause les frontières de l’Algérie héritées de la colonisation au profit du Maroc, un sujet ultra-sensible.
L’agence de presse officielle algérienne APS a d’ailleurs vivement critiqué la France pour avoir pris « la défense d’un négationniste qui remet en cause l’existence, l’indépendance, l’histoire, la souveraineté et les frontières de l’Algérie », qualifiant Boualem Sansal de « pantin utile ». Des propos qui risquent d’aggraver les tensions diplomatiques entre Paris et Alger, déjà vives depuis l’appui de la France au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.
Un silence assourdissant des autorités algériennes
Malgré les appels répétés de la communauté internationale, les autorités algériennes restent pour l’heure murées dans le silence. Aucune explication officielle n’a été fournie sur les motivations et les conditions de détention de Boualem Sansal, alimentant les pires craintes quant à son intégrité physique et morale.
Face à ce mutisme, les soutiens de l’écrivain ne baissent pas les bras et multiplient les initiatives pour faire pression sur le régime. Des rassemblements sont organisés devant les représentations diplomatiques algériennes à travers le monde, tandis qu’une pétition internationale circule pour exiger la vérité sur le sort de Boualem Sansal.
Cette affaire, qui s’inscrit dans un contexte de répression accrue contre les voix critiques en Algérie, constitue un test majeur pour la liberté d’expression et les droits humains dans le pays. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si les autorités algériennes céderont à la pression internationale ou s’enfermeront dans une posture de déni préjudiciable à leur image. En attendant, Boualem Sansal reste aux mains d’un système opaque, privé de sa liberté pour avoir osé exprimer ses opinions.
Son avocat, François Zimeray, entend bien se battre avec détermination pour obtenir sa libération et garantir l’équité de la procédure. Quelles que soient les accusations portées contre lui, Boualem Sansal doit pouvoir bénéficier de tous les droits inhérents à un procès juste et transparent, sans subir de pressions ou de représailles. C’est tout l’enjeu de ce combat pour les libertés fondamentales, qui dépasse largement le cas individuel de l’écrivain algérien.
Dans cette épreuve, Boualem Sansal peut compter sur le soutien indéfectible de ses pairs, qui voient en lui un symbole de la résistance à l’oppression et à l’obscurantisme. Par leurs mots et leurs actes, ils continueront à porter haut et fort les valeurs de liberté, de tolérance et d’humanisme que l’écrivain a toujours défendues au péril de sa vie. Car au-delà de son propre destin, c’est celui de toute une nation qui se joue à travers le sort réservé à Boualem Sansal.