Le gouvernement israélien vient de franchir une nouvelle étape dans ses relations avec les États-Unis. Dimanche dernier, il a entériné à l’unanimité la nomination de Yechiel Leiter, un proche conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu, au poste d’ambassadeur aux USA. Cette décision intervient à un moment charnière, alors que l’administration Biden cède la place à celle de Donald Trump, beaucoup plus alignée sur les positions du gouvernement israélien.
Un profil controversé
Le choix de Yechiel Leiter, 65 ans, ne manque pas de faire débat. Citoyen américain vivant dans une colonie israélienne en Cisjordanie occupée, il a été l’un des dirigeants du Conseil de Yesha dans les années 90, la principale organisation de colons. Membre éminent du Likoud, le parti de Netanyahu, il occupe actuellement un poste de conseiller en stratégie auprès de think tanks israéliens après avoir été à la tête de l’autorité portuaire du pays.
Son parcours et ses prises de position font de lui un fervent défenseur de la politique de colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens, en contradiction totale avec le droit international et la position historique des États-Unis. Sa proximité assumée avec le Parti républicain laisse présager un alignement sans faille avec la future administration Trump.
Tensions avec l’administration Biden
Quelques jours seulement avant l’annonce de sa nomination, Yechiel Leiter avait violemment dénoncé sur une chaîne internet les “pressions américaines” concernant la conduite de la guerre à Gaza par Israël. Des propos visant directement l’administration Biden qui avait appelé à plusieurs reprises à une “désescalade” et un retour au calme, suscitant l’ire du gouvernement israélien.
Cette passe d’armes verbale dit tout du changement de ton à venir dans les relations israélo-américaines. Avec un ambassadeur aux positions si tranchées, la voie semble ouverte à un soutien inconditionnel de Washington, même sur les dossiers les plus sensibles comme la colonisation.
Une relation au beau fixe côté américain
Dans le même temps, le président élu Donald Trump a annoncé la nomination au poste d’ambassadeur en Israël de Mike Huckabee. Cet ancien gouverneur et pasteur évangélique est connu pour son soutien indéfectible à Israël qu’il justifie par des raisons bibliques. Il avait notamment déclaré en 2017 que “la Cisjordanie occupée, ça n’existe pas. Il y a la Judée et la Samarie”, utilisant la terminologie israélienne pour désigner ce territoire palestinien.
Les défenseurs des droits des Palestiniens voient d’un très mauvais œil ce duo de choc qui s’annonce à la tête de la diplomatie entre les deux pays. Beaucoup craignent que le gouvernement israélien n’ait désormais les coudées franches pour intensifier la colonisation et enterrer définitivement la solution à deux États.
Avec Leiter à Washington et Huckabee à Tel Aviv, on assiste à un alignement sans précédent des planètes en faveur de l’extrême droite israélienne
– prévient un diplomate européen.
Une famille endeuillée par le conflit à Gaza
Autre fait notable dans cette nomination, la récente perte tragique vécue par Yechiel Leiter. En novembre dernier, son fils Moché, officier dans l’armée israélienne, a été tué dans la bande de Gaza lors du conflit sans précédent ayant opposé Israël au Hamas. Une épreuve personnelle qui ne peut que renforcer ses convictions et laisse craindre une ligne encore plus dure vis-à-vis des Palestiniens.
Son prédécesseur, Mike Herzog, frère du président israélien, avait été nommé en 2021 et incarnait une ligne plus modérée. Avec ce changement de garde, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre dans les relations israélo-américaines, sous le signe d’une convergence idéologique inédite. Reste à voir quelles en seront les conséquences concrètes pour le processus de paix moribond et les aspirations légitimes du peuple palestinien à un État viable.