En plein cœur de l’escalade militaire opposant Israël au Hezbollah libanais, l’Union européenne a haussé le ton ce dimanche à Beyrouth. Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a appelé sans détour à un « cessez-le-feu immédiat », alors que les bombardements et tirs de missiles s’intensifient dangereusement des deux côtés de la frontière.
Le Liban au bord de l’effondrement
La situation est particulièrement tendue au Liban, où les raids aériens israéliens ont frappé de plein fouet la capitale Beyrouth samedi, faisant de nombreuses victimes civiles. En représailles, le Hezbollah affirme avoir lancé des drones et missiles sur des cibles militaires en Israël. Selon une source proche du dossier, un soldat libanais a perdu la vie et 18 autres ont été blessés dans une attaque israélienne sur leur position dans le Sud.
Pour Josep Borrell, il n’y a qu’une seule voie possible pour éviter l’embrasement: « Un cessez-le-feu immédiat et l’application intégrale de la résolution 1701 de l’ONU ». Adoptée en 2006 pour mettre fin au précédent conflit, celle-ci prévoit que seule l’armée libanaise et les Casques bleus soient déployés à la frontière sud. Ce qui impliquerait un retrait du Hezbollah, mais aussi des troupes israéliennes qui y mènent une offensive terrestre depuis fin septembre.
En septembre, je suis venu et j’espérais encore que nous pourrions empêcher une guerre ouverte d’Israël contre le Liban. Deux mois plus tard, le Liban est au bord de l’effondrement.
Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE
Eviter l’extension du conflit à la Syrie
Côté israélien, l’objectif affiché est de neutraliser le Hezbollah et le Hamas palestinien, deux alliés de l’Iran considérés comme des organisations terroristes. Le « front de soutien » ouvert par le Hezbollah le 8 octobre 2023 pour épauler le Hamas, cible d’une vaste opération de représailles israélienne à Gaza, a fait monter d’un cran les tensions.
Après un an d’affrontements à la frontière et un lourd bilan côté palestinien, Israël a décidé le 23 septembre de frapper fort les bastions du Hezbollah au Liban. Une escalade qui fait craindre une extension régionale, notamment en Syrie voisine. L’envoyé spécial de l’ONU Geir Otto Pedersen a ainsi jugé « extrêmement important » lors d’une visite à Damas de stopper les guerres au Liban et à Gaza pour éviter que la Syrie ne soit davantage « entraînée dans le conflit ».
Bilan très lourd à Gaza
Dans la bande de Gaza dévastée, les frappes israéliennes nocturnes ont fait au moins 11 morts supplémentaires selon les autorités locales. Un responsable hospitalier a été grièvement blessé dans une attaque de drone contre son établissement, l’un des derniers à fonctionner dans l’enclave palestinienne confrontée à un désastre humanitaire.
Depuis le début de l’opération militaire lancée en riposte à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, le bilan est extrêmement lourd à Gaza: 44.211 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas jugées crédibles par l’ONU. Ce jour-là, 251 personnes avaient été enlevées en Israël, dont 97 restent otages à Gaza. Un terrible drame humain qui souligne l’urgence d’un cessez-le-feu pour épargner les populations.
La proposition américaine de cessez-le-feu en 13 points
Face à l’intensification des combats, les États-Unis ont formulé une proposition de trêve en 13 points, prévoyant notamment un cessez-le-feu de 60 jours et le déploiement de l’armée libanaise dans le sud du pays. Mais malgré la navette diplomatique de l’émissaire américain Amos Hochstein entre Beyrouth et Tel-Aviv, aucun accord n’a été trouvé.
Josep Borrell a insisté sur la nécessité de « faire pression sur le gouvernement israélien et maintenir la pression sur le Hezbollah pour qu’ils acceptent la proposition américaine ». Un véritable bras de fer diplomatique est engagé pour tenter de stopper l’engrenage guerrier, sur fond de profondes divisions régionales et de jeux d’influence des puissances.
Cette nouvelle guerre met en lumière la fragilité de la situation sécuritaire et les immenses défis qui attendent le Liban, déjà plongé dans une crise économique et politique majeure. Plus que jamais, la communauté internationale est appelée à se mobiliser pour éviter un embrasement général et soulager les populations civiles prises en étau. Un cessez-le-feu durable apparaît comme la seule option pour ouvrir la voie à une désescalade et à un règlement politique du conflit.