Les chefs religieux britanniques s’élèvent d’une seule voix contre un projet de loi délicat actuellement débattu au Parlement. Cette proposition législative vise à légaliser le suicide assisté pour les patients en phase terminale. Trente responsables de différentes confessions, dont l’Église d’Angleterre, le judaïsme et le catholicisme, ont exprimé leurs vives inquiétudes dans une lettre ouverte publiée dimanche.
Un projet de loi qui suscite la controverse
Le texte, porté par une députée travailliste, doit être examiné en première lecture vendredi à la Chambre des communes. S’il divise jusqu’au sein du gouvernement, il bénéficie en revanche d’un large soutien dans l’opinion. Selon un récent sondage YouGov, les trois quarts des Anglais et Gallois se disent favorables à une assistance au suicide encadrée.
Des craintes pour les plus fragiles
Mais du côté des autorités religieuses, c’est l’opposition ferme qui domine. Dans leur missive, elles mettent en garde contre le message délétère qu’une telle loi enverrait aux personnes vulnérables. Même entourées et aimées, celles-ci pourraient se sentir « un fardeau » et avoir le sentiment d’un « devoir de mourir ». Les signataires pointent en particulier le risque que ferait peser une aide à mourir dans un contexte de sous-financement de l’accompagnement social.
Du fait de nôtre rôle, nous sommes profondément inquiets de l’impact que ce projet aurait sur les plus vulnérables, créant une possibilité d’abus et de contrainte.
Sarah Mullally, évêque de l’Église d’Angleterre, le grand rabbin Ephraim Mirvis et le cardinal Vincent Nichols
Un plaidoyer pour des soins palliatifs renforcés
Face à ce projet de loi controversé, les dignitaires religieux plaident pour une autre voie : celle d’un investissement massif dans les soins palliatifs. C’est selon eux « la politique que doit mener une nation véritablement compatissante ». Un appel qui résonne particulièrement dans le contexte de crise profonde que traverse le système de santé publique britannique.
Un débat qui divise jusqu’au gouvernement
Si le parti travailliste laisse ses députés libres de leur vote, le débat transcende les clivages politiques habituels. Certains ministres de premier plan, pourtant appelés à une certaine réserve, ont tenu à clarifier publiquement leur position. C’est le cas de Wes Streeting, en charge de la Santé, qui s’inquiète d’une charge financière supplémentaire sur le NHS exsangue. Sa collègue à la Justice Shabana Mahmood a elle aussi annoncé qu’elle s’opposerait au texte.
Le sujet est d’autant plus sensible qu’il renvoie à des cas individuels dramatiques très médiatisés. Le débat promet d’être intense et passionné, cristallisant les tensions entre libertés individuelles en fin de vie et protection des plus fragiles. Une équation humaine, médicale et sociétale des plus complexes.