Le supportérisme dans le football français fait face à une crise. Entre violences, dérapages discriminatoires et sanctions collectives, le modèle actuel est remis en question. Mais plutôt que de jeter le bébé avec l’eau du bain, des voix s’élèvent pour réformer en profondeur le mouvement ultra, en trouvant un juste équilibre entre fermeté et accompagnement.
L’Instance nationale du supportérisme veut faire bouger les lignes
Selon une source proche de l’Instance nationale du supportérisme (INS), qui regroupe des représentants de supporters et des parlementaires, il est urgent d’agir pour restaurer l’image du football comme fête populaire. Plutôt que de s’enfermer dans une logique uniquement répressive, l’instance plaide pour des mesures équilibrées et complémentaires.
L’INS souligne que les seules sanctions ne suffiront pas à endiguer les dérives. Elle appelle à renforcer la prévention, notamment via des ateliers éducatifs, pour faire évoluer les mentalités en profondeur. L’objectif est de responsabiliser les supporters plutôt que de les stigmatiser en bloc.
Vers des sanctions individualisées et une rupture de l’anonymat
Un des chevaux de bataille de l’INS est d’individualiser les sanctions pour éviter de pénaliser injustement tout un stade. Elle souhaite notamment que l’anonymat des fauteurs de troubles soit rompu, afin de limiter les sanctions collectives souvent jugées disproportionnées.
Concrètement, cela pourrait passer par un recours accru à la vidéosurveillance et à la billetterie nominative. L’idée est de pouvoir identifier et sanctionner fermement les individus responsables de faits graves, comme les violences ou les cris de singe, sans pour autant interdire de déplacement des milliers de supporters.
Mieux encadrer les déplacements de supporters
Autre piste avancée par l’INS : expérimenter les déplacements en train plutôt qu’en bus. Cela permettrait d’optimiser l’emploi des forces de l’ordre et d’organiser des parcours sécurisés jusqu’au stade, les fameux “fanwalks”. Une mesure réclamée de longue date mais qui peine à se concrétiser.
Parallèlement, l’instance veut renforcer le rôle des référents supporters, ces salariés des clubs chargés de faire le lien avec les ultras. L’idée est qu’ils soient systématiquement associés aux réunions de préparation des matchs avec les autorités. Un maillon essentiel pour désamorcer les tensions en amont.
Mieux associer les collectivités locales
Au-delà des clubs et des instances, l’INS estime que les collectivités locales doivent davantage s’impliquer dans la gestion du supportérisme. En effet, les maires et élus sont responsables de l’ordre public et souvent propriétaires des stades. Un levier d’action encore sous-exploité pour pacifier les tribunes.
En s’appuyant sur le dialogue avec les groupes de supporters au niveau local, les villes pourraient par exemple mieux encadrer l’affichage des banderoles ou la vente d’alcool autour des stades. Des détails qui peuvent vite dégénérer s’ils ne sont pas anticipés.
Un nouveau modèle à inventer
Si la plupart de ces mesures ne sont pas révolutionnaires, leur mise en musique dans une approche globale et équilibrée est une petite révolution. L’INS appelle ainsi à dépasser l’opposition stérile entre pro et anti ultras, pour construire un modèle de supportérisme à la française.
Nous devons collectivement prendre notre part de responsabilité pour créer un nouveau modèle de supportérisme à la française.
Communiqué de l’Instance nationale du supportérisme
Ce chantier doit s’adapter aux évolutions sociétales qui traversent les tribunes, comme la place croissante des femmes ou l’aspiration à plus de démocratie participative. Les ultras, passionnés et dépositaires de la culture populaire des virages, ont toute leur place dans ce supportérisme new look.
Reste désormais à transformer l’essai et à convaincre les autorités de s’engager sur cette voie. L’INS compte bien profiter des prochaines réunions, notamment avec le ministère des Sports, pour avancer ses pions. Histoire de donner un avenir au foot français et son public si particulier.