Au Pakistan, le conflit ancestral entre sunnites et chiites a une nouvelle fois embrasé le district de Kourram, dans le nord-ouest du pays. En à peine trois jours, cette flambée de violences a fait au moins 82 morts et 156 blessés, plongeant la région dans un cycle de représailles sanglantes qui semble impossible à enrayer.
Attaque meurtrière contre des convois chiites
Jeudi dernier, une dizaine d’assaillants sunnites ont pris pour cible deux convois transportant des familles chiites qui circulaient sous escorte policière. Malgré la présence des forces de l’ordre, les tirs nourris ont fait de nombreuses victimes. Selon un responsable local s’exprimant sous couvert d’anonymat, 66 membres de la communauté chiite ont péri dans cette embuscade.
Escalade des représailles
Loin de calmer les esprits, cette attaque a déclenché une spirale de violences. Dès le lendemain, des groupes chiites ont lancé des raids meurtriers dans plusieurs quartiers sunnites de Kourram. D’après des sources concordantes, ces représailles ont coûté la vie à 16 personnes côté sunnite et fait de nombreux blessés.
Des tirs à l’arme légère et lourde ont été signalés dans différentes zones du district.
Un responsable local
Bien que les autorités affirment qu’aucun mort supplémentaire n’ait été recensé depuis samedi soir, la situation reste très tendue. Les communications sont coupées et la circulation est paralysée sur les principaux axes.
Un cessez-le-feu précaire
Face à cette escalade, les autorités tentent de rétablir le calme. Des hauts fonctionnaires dépêchés depuis la capitale provinciale Peshawar multiplient les rencontres avec les deux communautés. Leur priorité : obtenir un cessez-le-feu durable pour stopper l’engrenage.
Des trêves ont été décrétées par les conseils tribaux, mais elles restent fragiles. Les codes d’honneur ancestraux et la question épineuse du partage des terres rendent tout apaisement durable complexe dans ce district frontalier de l’Afghanistan.
Une crise sécuritaire chronique
Depuis le mois de juillet, les heurts entre sunnites et chiites ont déjà fait plus de 160 morts à Kourram. Malgré les interventions sporadiques des forces de sécurité, l’État pakistanais peine à enrayer durablement ces violences confessionnelles.
Cette crise met en lumière les profondes fractures qui traversent la société pakistanaise. Bien que minoritaires, les chiites dénoncent régulièrement les discriminations dont ils s’estiment victimes. De leur côté, de nombreux sunnites reprochent aux forces de l’ordre leur incapacité à les protéger.
Alors que le Pakistan est secoué par une grave crise économique et politique, ces affrontements communautaires risquent d’aggraver encore l’instabilité chronique du pays. Face au risque de propagation, le gouvernement est sous pression pour restaurer la paix civile, mais les moyens d’y parvenir restent incertains.