Les négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla de l’Armée de Libération Nationale (ELN) ont repris cette semaine à Caracas, au Venezuela, après plusieurs mois de paralysie. Cependant, l’ELN pose ses conditions pour respecter un nouveau cessez-le-feu : un retour à un fonctionnement “normal” du processus de dialogue.
Selon le négociateur en chef de l’ELN, Pablo Beltran, la guérilla ne s’engagera dans une trêve que lorsque les pourparlers auront retrouvé leur rythme habituel. “Nous avons dit qu’il y aurait un nouveau cessez-le-feu quand la table de négociation reprendra son cycle normal de fonctionnement”, a-t-il déclaré samedi lors d’une réunion dans la capitale vénézuélienne.
Résoudre les “non-respects” des accords précédents
Mais avant cela, l’ELN exige que soient réglés les manquements aux engagements antérieurs. “Il y aura de nouveaux accords lorsque nous aurons réglé le non-respect des anciens accords, car sinon nous commençons à avancer avec une table qui travaille avec les pieds dans la boue, sur des choses fausses”, a averti Pablo Beltran.
Le negociateur a néanmoins fait état de progrès dans la définition d’un nouveau modèle de négociation, avec un processus de “critique et d’autocritique” entre les parties. Les réunions se tiennent actuellement à Caracas, et se dérouleront ensuite alternativement au Mexique et à Cuba.
Reprise du dialogue après des mois de suspension
Le gouvernement colombien et l’ELN avaient convenu début novembre de relancer le processus de paix, suspendu depuis le mois de septembre. Leur dernière rencontre remontait au mois de mai, déjà dans la capitale vénézuélienne.
Depuis début août, la guérilla a intensifié ses actions armées, rompant la trêve qui était en vigueur depuis 2023. En réaction, l’armée colombienne a repris ses opérations contre les rebelles.
L’engagement de paix du président Petro mis à l’épreuve
Cette situation met à l’épreuve la volonté de paix du président colombien Gustavo Petro, premier dirigeant de gauche du pays arrivé au pouvoir en 2022. Lui-même ancien membre d’une guérilla d’extrême-gauche dans sa jeunesse, il s’est engagé à mettre fin par le dialogue aux six décennies de conflit armé qui déchirent la Colombie.
Son gouvernement négocie actuellement avec la plupart des groupes armés actifs dans le pays. Mais le chemin vers une paix durable s’annonce encore long et semé d’embûches, comme en témoignent les exigences posées par l’ELN pour respecter le cessez-le-feu.
L’Armée de Libération Nationale, dernière guérilla reconnue encore active en Colombie, a pris les armes en 1964 dans le sillage de la révolution cubaine. Comptant environ 2.500 combattants, elle se bat pour une réforme du pays s’appuyant sur des principes d’égalité sociale.
Un processus de paix crucial pour la stabilité colombienne
Le succès des négociations avec l’ELN est considéré comme crucial pour consolider la paix en Colombie, après l’accord historique signé en 2016 avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), principale guérilla du pays.
Mais les défis restent nombreux, entre la méfiance accumulée au fil des décennies de conflit, les intérêts divergents des différentes factions armées et la complexité d’une situation sécuritaire encore fragile dans de nombreuses régions.
Les prochains cycles de discussions entre le gouvernement colombien et l’ELN seront donc décisifs pour évaluer les perspectives réelles d’un apaisement durable. La communauté internationale, notamment les pays garants du processus comme le Venezuela, cuba ou la Norvège, suivront de près l’évolution de ce dialogue de paix aux enjeux majeurs pour toute l’Amérique latine.
