Ce week-end, le député de La France Insoumise (LFI) Ugo Bernalicis a fait polémique en assistant au congrès du Syndicat de la Magistrature qui se tenait à Lille. Sa présence a suscité de nombreuses réactions, certains y voyant une remise en cause de l’indépendance de la justice, d’autres un signe de soutien légitime. Retour sur une controverse qui interroge les rapports entre le monde politique et l’institution judiciaire.
Un député LFI au cœur de la polémique
C’est un tweet publié samedi par Ugo Bernalicis himself qui a mis le feu aux poudres. Le député LFI y annonçait sa présence au congrès du Syndicat de la Magistrature, principal syndicat de gauche chez les magistrats. Immédiatement, les critiques ont fusé, de nombreux responsables politiques de droite comme de gauche s’offusquant de cette proximité affichée entre un élu et une organisation syndicale de magistrats.
Pour les détracteurs d’Ugo Bernalicis, sa démarche constitue une forme d’ingérence du pouvoir politique dans les affaires de la justice. Ils y voient une remise en cause du principe de séparation des pouvoirs, fondement de l’état de droit et de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Certains évoquent même un “noyautage” de la justice par la gauche radicale, le Syndicat de la Magistrature étant régulièrement taxé de proximité idéologique avec LFI.
Le principe d’indépendance de la justice en question
Au-delà de la polémique suscitée par la présence d’Ugo Bernalicis, c’est bien la question de l’indépendance de la justice qui est posée. Si nul ne conteste la liberté syndicale des magistrats, beaucoup s’interrogent sur l’opportunité pour un syndicat d’afficher aussi ouvertement sa proximité avec un mouvement politique.
La présence d’Ugo Bernalicis envoie un très mauvais signal et jette le trouble sur l’impartialité des magistrats du Syndicat de la Magistrature
Réagit un député de la majorité sous couvert d’anonymat
Du côté du syndicat comme de LFI, on récuse toute remise en cause de l’indépendance de la justice. Le Syndicat de la Magistrature revendique le droit d’échanger avec tous les acteurs, y compris politiques, dans le cadre de ses réflexions sur l’évolution de l’institution judiciaire. Ugo Bernalicis de son côté assure être venu en simple observateur, pour alimenter sa réflexion de parlementaire sur les enjeux de la justice.
Bernalicis, une figure controversée
Si la polémique a pris une telle ampleur, c’est aussi en raison de la personnalité controversée d’Ugo Bernalicis. Le député LFI s’est fait connaître pour ses prises de position radicales, n’hésitant pas à bousculer les lignes et à s’attaquer frontalement à l’institution judiciaire.
Récemment, il a ainsi cosigné une proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme, qu’il juge liberticide et attentatoire à la liberté d’expression. Une démarche vivement critiquée dans le contexte de menace terroriste actuel.
Un nouveau round dans la guerre justice-politics
Au-delà du cas Bernalicis, c’est un nouvel épisode des relations tumultueuses entre le monde judiciaire et la sphère politique qui se joue. Régulièrement, des élus de tous bords sont accusés de vouloir influencer le cours de la justice, quand les magistrats eux se plaignent des pressions et des attaques dont ils font l’objet.
Il est grand temps de poser les bases d’un dialogue apaisé entre justice et politique, dans le respect de l’indépendance de chacun.
Plaide un haut magistrat
Une clarification d’autant plus nécessaire que plusieurs réformes de la justice sont en cours ou en préparation, de la refonte de la procédure pénale à la réorganisation des juridictions. Des chantiers sur lesquels l’apport des professionnels de terrain comme des élus est indispensable, mais qui nécessitent un climat de confiance et de respect mutuel.
Quelle suite pour la polémique ?
Pour l’heure, ni Ugo Bernalicis ni le Syndicat de la Magistrature ne semblent décidés à s’excuser ou à faire profil bas. Le député assume sa démarche et le syndicat réfute toute faute déontologique.
Mais dans les rangs de la majorité présidentielle comme des Républicains ou du Rassemblement National, les appels se multiplient pour sanctionner cet “écart” et réaffirmer l’étanchéité entre le politique et le judiciaire. Certains réclament la démission d’Ugo Bernalicis de la Commission des Lois, quand d’autres évoquent une possible saisine du Conseil supérieur de la magistrature.
Une escalade des tensions qui risque d’encore durcir les positions et de rendre plus difficile le dialogue entre des acteurs qui, pourtant, ne devraient avoir qu’un seul objectif : garantir une justice indépendante, impartiale et efficace au service des citoyens. Un idéal mis à mal par des guerres d’ego et des calculs politiciens dont la polémique Bernalicis est le dernier avatar en date.
L’indépendance de la justice n’est pas négociable et ne saurait souffrir aucune ingérence politique, d’où qu’elle vienne.
Martèle un représentant syndical des magistrats
Une clarification plus que jamais indispensable pour restaurer la confiance des Français dans leur justice et apaiser des relations devenues délétères entre des pouvoirs qui devraient pourtant coopérer en bonne intelligence. Le chantier de la réforme de la justice, priorité affichée du gouvernement, en dépend largement. Tout comme la sérénité et l’efficacité du travail, ô combien crucial, des magistrats.