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Mercosur : L’Europe s’ouvre aux inquiétudes légitimes des agriculteurs français

L'accord UE-Mercosur suscite des inquiétudes légitimes chez les agriculteurs français. La présidente du Parlement européen appelle à les prendre en compte pour parvenir à un texte équilibré. La France cherche à mobiliser d'autres pays européens pour une minorité de blocage, mais le chemin s'annonce délicat...

Les inquiétudes des agriculteurs français face à l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur sont « légitimes » selon Roberta Metsola, présidente du Parlement européen. Dans un entretien accordé à un média français ce dimanche, elle a souligné l’importance de prendre le temps d’y répondre totalement.

Cet accord de libre-échange, en négociation depuis plus de 20 ans, suscite une vive opposition en France. Les agriculteurs redoutent une concurrence déloyale des produits sud-américains, qui ne seraient pas soumis aux mêmes normes sanitaires et environnementales que celles en vigueur dans l’UE. Le gouvernement français multiplie les efforts diplomatiques pour convaincre d’autres États membres de former une minorité de blocage.

Un équilibre délicat entre intérêts agricoles et opportunités économiques

Roberta Metsola se veut à l’écoute des préoccupations hexagonales. « J’ai l’espoir que l’on parvienne à une solution équilibrée qui à la fois protège les intérêts de nos agriculteurs, en particulier dans les branches les plus exposées, et débloque de nouvelles opportunités pour nos entreprises », a-t-elle déclaré. Un exercice d’équilibriste délicat alors que la Commission européenne semble déterminée à finaliser l’accord d’ici la fin de l’année, sous la pression de certains pays comme l’Allemagne et l’Espagne.

La présidente de l’institution de Strasbourg met cependant en garde : « Nous désengager du commerce international nous priverait d’une occasion d’exporter nos valeurs et nos normes. Si nous ne nous impliquons pas, d’autres le feront à notre place. » Une référence à peine voilée à la Chine, de plus en plus présente en Amérique latine.

La France en quête d’alliés pour bloquer l’accord

Côté français, la mobilisation s’intensifie. Les agriculteurs ont relancé leur fronde, craignant un dumping social et environnemental des viandes sud-américaines. La totalité de la classe politique, dans une rare unanimité, soutient leur opposition. Le président Emmanuel Macron a martelé durant sa récente tournée en Amérique latine son refus de l’accord « en l’état ».

On ne peut pas dire à un pays désemparé par le déclin d’un secteur et qui se sent abandonné : “Désolé, mais on ne vous écoutera pas !”

Roberta Metsola, présidente du Parlement européen

Paris œuvre en coulisses pour rallier d’autres capitales à sa cause. Car pour bloquer l’adoption du texte, il faudra réunir une minorité de blocage représentant 35% de la population de l’UE. Un défi de taille au vu des intérêts divergents des Vingt-Sept. Certains misent sur les exportations agricoles, d’autres sur l’accès aux marchés industriels du Mercosur.

Le Parlement européen en arbitre du compromis ?

Le Parlement européen pourrait jouer un rôle clé dans la recherche d’un compromis acceptable. « Que l’accord soit scindé ou non, qu’il y ait ou pas un vote à la majorité sur le texte, on ne doit pas isoler des États membres », a insisté Roberta Metsola. Une main tendue aux inquiétudes françaises, tout en rappelant l’importance stratégique d’un engagement européen sur la scène internationale.

La partie s’annonce serrée pour Paris. Il lui faudra convaincre ses partenaires du bien-fondé de ses réserves, sans pour autant fermer la porte à un accord qui représente un potentiel de croissance non négligeable. Un numéro d’équilibriste périlleux dans une Europe en quête de relance post-Covid et de positions géopolitiques renforcées. Le soutien du Parlement européen, s’il se confirme, pourrait s’avérer précieux dans ce bras de fer qui ne fait que commencer.

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