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Polémique à La Grand-Combe : la maire accusée de racisme pour le refus du halal au festival

Laurence Baldit, maire de gauche de La Grand-Combe, au cœur d'une vive polémique. En cause, l'interdiction de servir de la viande halal sur le stand du centre social municipal lors de l'édition multiculturelle du festival Charbon Ardent. Racisme ou respect de la laïcité ?

C’est une polémique qui enfle à l’approche de la 18e édition du festival Charbon Ardent à La Grand-Combe dans le Gard. Alors que l’événement multiculturel, prévu du 4 au 8 décembre, se prépare autour du thème “Une Invitation au voyage”, un appel au boycott largement relayé sur les réseaux sociaux vient ternir l’image de la manifestation et de la municipalité.

Au cœur des critiques, une décision de la maire Laurence Baldit, élue de gauche connue pour son engagement en faveur de la diversité. Lors d’une réunion avec des habitantes impliquées dans l’organisation d’un stand alimentaire pour le festival, l’édile aurait insisté sur l’interdiction de proposer des menus à caractère religieux comme le halal sur le stand tenu par le Centre social municipal.

Une consigne qui passe mal auprès de certains. Sur Facebook, une internaute dénonce : “Criant au vivre ensemble, à la tolérance, à la laïcité à longueur de temps, c’est tout le contraire qu’applique notre chère maire”. Une autre renchérit : “Madame Baldit a décidé d’interdire la viande halal sous couvert d’une laïcité plus que douteuse”. Des publications appelant au boycott du festival devenues virales.

Le principe de laïcité en question

Contactée par la presse locale, la maire Laurence Baldit se défend de toute interdiction généralisée et invoque le respect de la laïcité :

La municipalité ne peut pas interdire la vente de viande halal sur les stands privés ou associatifs. Ce qui est en cause, c’est le Centre social municipal, qui, en tant que service public, doit respecter le principe de neutralité.

Laurence Baldit, maire de La Grand-Combe

Pour l’élue, l’ampleur prise par la polémique est une surprise, d’autant que l’auteure des publications virales était présente à la réunion sans exprimer de désaccord. “Pourquoi déclencher une polémique après coup ?”, s’interroge-t-elle, regrettant une “escalade inutile”.

Inviter au voyage et à la découverte de l’autre

Pourtant, le festival Charbon Ardent se veut un hymne à la diversité culturelle, comme le souligne la maire :

La population de la Grand’Combe est bigarrée, arc-en-ciel et a travaillé dans le noir du charbon. Il est important de découvrir d’autres cultures et de découvrir l’autre. Nous sommes une terre d’accueil et c’est là-dedans que nous nous inscrivons.

Laurence Baldit

Un message d’ouverture qui tranche avec les accusations de racisme dont fait l’objet l’élue. Pour désamorcer les tensions, la municipalité a proposé de remplacer le menu controversé par une paëlla aux fruits de mer, “un plat conforme au cadre réglementaire” selon la maire. Reste à savoir si cela suffira à éteindre la polémique.

Quand la laïcité divise plus qu’elle ne rassemble

Au-delà du cas de La Grand-Combe, cette polémique illustre la difficulté d’appréhender sereinement les questions liées à la laïcité dans un contexte multiculturel. Si le principe de neutralité des services publics apparaît louable, son application concrète suscite régulièrement des crispations et des incompréhensions.

Plutôt que d’opposer les communautés, ne faudrait-il pas faire de ces événements des occasions privilégiées pour favoriser le dialogue, la connaissance mutuelle et le partage ? C’est en tout cas le pari que semblait faire le festival Charbon Ardent avec son invitation au voyage. Un idéal mis à mal par cette polémique qui risque de laisser des traces.

La tentation du boycott, une réponse à double tranchant

Face à ce qu’ils perçoivent comme une discrimination, certains en appellent donc au boycott pur et simple du festival. Une réaction compréhensible mais qui pose question. En se privant d’un temps de rencontre et d’échange, ne risque-t-on pas d’accentuer les fractures et les incompréhensions ?

Plutôt que de déserter l’événement, ne serait-il pas préférable d’en faire un lieu de débat apaisé sur ces enjeux qui traversent notre société ? Car au final, c’est bien le manque de dialogue qui semble être à la source de cette polémique qui aurait sans doute pu être évitée.

Dépasser les clivages pour réussir le vivre-ensemble

Plus que jamais, il apparaît nécessaire de dépasser les clivages et les postures pour construire un vivre-ensemble harmonieux et respectueux de toutes les sensibilités. Un défi complexe mais incontournable dans nos sociétés plurielles.

L’exemple de La Grand-Combe et de son festival Charbon Ardent montre à quel point le chemin est encore long et semé d’embûches. Mais il révèle aussi l’urgence d’inventer de nouvelles façons de faire communauté, au-delà des origines et des croyances. Un voyage au long cours qui nécessitera l’engagement de tous.

Le festival maintenu malgré la polémique

Malgré les remous, la municipalité a confirmé que le festival Charbon Ardent serait bien maintenu aux dates prévues. Un choix qui témoigne de la volonté de ne pas se laisser dicter son agenda par les polémiques et de préserver cet espace de rencontre et de célébration de la diversité.

Reste à espérer que l’événement permettra, au-delà des crispations, de renouer le fil du dialogue et de la compréhension mutuelle. Car c’est bien là tout l’enjeu : faire de nos différences une richesse plutôt qu’un ferment de division. Un pari audacieux mais plus que jamais nécessaire pour bâtir une société ouverte et apaisée.

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