La condamnation historique de l’ex-président américain Donald Trump par un tribunal de New York ce jeudi 30 mai fait l’effet d’un séisme politique outre-Atlantique. Reconnu coupable de l’ensemble des chefs d’accusation portés contre lui, le sulfureux milliardaire voit son avenir politique sérieusement compromis à l’aube de l’élection présidentielle de 2024. Mais quel impact ce verdict aura-t-il réellement sur le scrutin à venir ?
Un procès ultra-médiatisé, des réactions contrastées
Sans surprise, le procès de Donald Trump a été intensément suivi et commenté dans les médias américains, suscitant une avalanche de réactions des deux bords politiques. Côté démocrate, on se félicite de voir enfin l’ancien locataire de la Maison Blanche répondre de ses actes devant la justice. Les républicains, eux, crient au « procès politique » et à « l’acharnement judiciaire » contre leur champion.
« Ce verdict est une victoire pour tous ceux qui croient en l’État de droit. Personne n’est au-dessus des lois, pas même un ex-président. »
– Joe Biden, actuel président des États-Unis
Mais au-delà de cette joute partisane, les analystes s’interrogent sur les conséquences électorales réelles de cette condamnation pour 2024. Car dans un pays profondément divisé, où nombre d’électeurs votent davantage « contre » que « pour » un candidat, difficile de prédire les répercussions dans les urnes.
Des sondages mitigés
Les premiers sondages réalisés après le verdict ne montrent pas de bouleversement majeur des intentions de vote. Selon l’institut Marist, une condamnation n’aurait que peu d’effet pour les deux tiers des personnes interrogées. Tout au plus 1% des électeurs pourraient basculer vers un vote blanc ou une abstention, estime le politologue Nicholas Higgins. Mais pas de report massif des voix vers Joe Biden à prévoir.
- 31% des Américains disent s’ennuyer en suivant le procès
- Seuls 26% le trouvent intéressant
- Pour la moitié, falsifier des comptes n’est pas un crime majeur
L’élection se jouera à la marge
Certains experts estiment toutefois qu’une légère baisse du vote Trump, même minime, pourrait être décisive dans les swing states où tout se jouera à quelques milliers de bulletins près. C’est notamment l’avis de Donald Nieman, professeur d’histoire :
« Une condamnation va certainement faire du tort à Trump auprès des électeurs indépendants, des républicains modérés. Et dans un scrutin serré, ces voix feront la différence. »
– Donald Nieman, professeur d’histoire à l’université de Binghamton
Même son de cloche du côté de Jared Carter, de l’école de droit du Vermont, qui voit la condamnation comme un handicap net pour la candidature Trump. Il prédit un impact négatif et potentiellement fatal dans la course à la Maison Blanche.
Le seul procès avant l’élection ?
Autre facteur à prendre en compte : ce procès pourrait être le seul à aboutir avant novembre 2024, les autres poursuites visant Trump étant encore loin d’être jugées. Dès lors, difficile de mesurer précisément le poids de ce verdict sur le long terme. Mais une chose est sûre pour Ray Brescia, professeur de droit : « Même une petite variation pourrait avoir d’énormes conséquences » tant l’élection s’annonce serrée.
À 18 mois du scrutin, Donald Trump reste le grand favori des primaires républicaines malgré sa condamnation. Mais il voit l’écart se resserrer avec Joe Biden dans les sondages. La bataille électorale promet d’être acharnée, et l’impact final du verdict de New York encore incertain. Une seule certitude : la politique américaine n’a pas fini de connaître des soubresauts !