Depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle américaine de 2020 donnant Joe Biden vainqueur, le camp de Donald Trump ne décolère pas. Persuadé qu’une fraude électorale massive a eu lieu dans plusieurs États-clés, l’ex-président compte bien tout mettre en œuvre pour le prouver. Selon des sources proches de son équipe de transition, il s’apprêterait à lancer une vaste enquête sur sa défaite une fois de retour à la Maison Blanche.
Trump convaincu d’une « tricherie généralisée »
Depuis plus de deux ans, Donald Trump martèle que l’élection lui a été « volée ». Malgré l’absence de preuves tangibles, il reste persuadé que des irrégularités majeures ont entaché le scrutin dans des swing states comme la Pennsylvanie, le Michigan ou la Géorgie. Selon lui, des votes illégaux auraient été comptabilisés, des électeurs décédés auraient voté, et des observateurs républicains auraient été écartés.
Jusqu’ici, toutes les allégations de fraude de grande ampleur ont été rejetées par les tribunaux, faute d’éléments probants. Mais Donald Trump n’en démord pas. Le mois dernier, il promettait encore sur Truth Social que les responsables de cette « tricherie généralisée » seraient bientôt poursuivis.
Un grand ménage au ministère de la Justice
Pour mener son enquête, le président élu compte s’appuyer sur un ministère de la Justice profondément remanié. Selon le Washington Post, il prévoit de limoger le procureur spécial Jack Smith, chargé d’enquêter sur ses tentatives de renverser les résultats de 2020. Ce dernier pourrait d’ailleurs prendre les devants et démissionner avant l’investiture.
Plus largement, Donald Trump entend bien faire le ménage parmi les hauts fonctionnaires du ministère. Sa porte-parole Karoline Leavitt a ainsi déclaré que les Américains pouvaient s’attendre à ce qu’il « tienne sa promesse » de licencier les « bureaucrates voyous » ayant « participé à l’instrumentalisation illégale de notre système judiciaire ».
Bondi, une ministre de la Justice trumpiste
Pour mener la charge, Donald Trump a choisi de nommer Pam Bondi au poste de ministre de la Justice, après le désistement de son premier choix Matt Gaetz. Ancienne procureure générale de Floride, cette fervente partisane de Trump a promis de « recentrer le ministère sur son objectif initial » et de mettre fin à la « chasse aux sorcières » dont il se dit victime.
Pendant trop longtemps, ce ministère partisan a été utilisé comme une arme contre [moi] et d’autres républicains.
Donald Trump, à propos du ministère de la Justice
Des poursuites judiciaires en perspective ?
Si l’enquête de Donald Trump venait à identifier des responsables de fraudes, des poursuites pourraient être engagées. En septembre, il avertissait déjà que les personnes impliquées dans la « tricherie » de 2020 s’exposaient à « des peines de prison de longue durée ». Étaient visés « les avocats, les agents politiques, les donateurs, les électeurs illégaux et les responsables électoraux corrompus ».
Des preuves de fraudes introuvables jusqu’ici
Le défi pour le camp Trump sera de fournir des preuves solides de fraudes, ce qu’il n’a pas réussi à faire jusqu’à présent malgré de multiples procédures judiciaires. Les nombreux recomptages et audits menés dans les États contestés n’ont pas permis de démontrer d’irrégularités à grande échelle susceptibles d’inverser le résultat.
Le ministère de la Justice n’est pas l’outil personnel du président pour régler ses comptes ou poursuivre ses ennemis politiques.
Adam Schiff, élu démocrate à la Chambre des représentants
Des démocrates inquiets des dérives à venir
Du côté des démocrates, on s’alarme déjà de la dérive politique que pourrait prendre le ministère de la Justice sous Donald Trump. « Le ministère de la Justice n’est pas l’outil personnel du président pour régler ses comptes ou poursuivre ses ennemis politiques », a mis en garde l’élu Adam Schiff. De même, l’ancien procureur Harry Litman craint que cette enquête ne soit qu’un « simulacre destiné à salir les fonctionnaires intègres » ayant refusé de plier face aux pressions de Trump.
À n’en pas douter, cette nouvelle offensive de Donald Trump pour établir la réalité de la fraude électorale dont il se dit victime promet de raviver les tensions autour de l’élection de 2020. Réussira-t-il cette fois à prouver ses dires ? Ses adversaires l’accuseront-ils d’utiliser le ministère de la Justice à des fins politiques ? Une chose est sûre, ce dossier brûlant devrait occuper une place centrale dans les premiers mois de son second mandat.