Une nuit de terreur. C’est ce qu’ont vécu les habitants du quartier populaire de Basta, en plein cœur de Beyrouth, quand une puissante frappe aérienne israélienne les a brutalement tirés de leur sommeil tôt samedi matin. Cette attaque dévastatrice a fait au moins 11 morts et 63 blessés selon un bilan provisoire des autorités libanaises, semant chaos et désolation.
Panique et dévastation après une frappe d’une violence inouïe
Samir, 60 ans, a cru son dernier instant arrivé quand les missiles ont frappé. “On dormait et soudain, on a entendu trois ou quatre missiles. La frappe était tellement puissante que j’ai cru que le bâtiment allait s’effondrer sur nous”, raconte-t-il, encore sous le choc. Avec sa femme et ses deux enfants, il s’est précipité hors de son immeuble situé juste en face du site bombardé, au milieu des cris et des pleurs.
Au petit matin, une vision d’apocalypse attendait les secouristes dans les ruelles de Basta. Bâtiments éventrés, amas de gravats, véhicules soufflés… Au milieu de ce paysage de désolation, une odeur âcre de poudre imprégnait l’air, mêlée à la poussière omniprésente. Selon une source sécuritaire, la cible de ce raid dévastateur mené avec des “bombes perforantes” aurait été un haut responsable du Hezbollah. Son sort reste inconnu.
Une terreur inédite, même pour les habitants endurcis
Si les habitants des quartiers plus éloignés de la capitale ont été réveillés en sursaut par le fracas des explosions, ceux de Basta ont vécu un cauchemar éveillé. “C’est la première fois que je me réveille en hurlant de terreur”, confie Salah, 35 ans et père de deux enfants. “Je ne sais pas comment exprimer la peur que j’ai ressentie”, ajoute-t-il, encore tremblant.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que le quartier est visé. Le 10 octobre dernier, une autre frappe avait déjà fait 22 morts et 117 blessés en visant Wafic Safa, un cadre de la sécurité du Hezbollah. Mais selon les témoignages recueillis, l’intensité de ce nouveau bombardement était sans commune mesure.
Beyrouth meurtrie, entre resilience et lassitude
Depuis une semaine, la capitale libanaise subit un déluge de feu. Pas moins de quatre frappes ont déjà ravagé le cœur de Beyrouth, tandis que les bastions du Hezbollah dans la banlieue sud, désertés par une grande partie de leurs habitants, sont pilonnés sans relâche. L’armée israélienne a même posté des appels à évacuer sur les réseaux sociaux avant de nouvelles attaques samedi matin.
Face à cette escalade meurtrière, qui a fait plus de 3 650 morts au Liban depuis le 8 octobre 2023 selon le ministère de la Santé, la population oscille entre résignation et colère sourde. “Où est-ce que je pourrais aller ?”, s’interroge Samir avec amertume, lui qui a décidé de regagner son appartement endommagé. Comme tant d’autres, il accueille depuis des mois des proches ayant fui les zones lourdement bombardées, de la banlieue sud au Liban-Sud.
Dans les décombres encore fumants de Basta, tandis que les secouristes s’affairent à la recherche d’éventuels survivants, le temps semble comme suspendu. Jusqu’à la prochaine frappe, et son lot de vies brisées. Beyrouth, ville blessée mais toujours debout, retient son souffle. Avec l’espoir ténu qu’un jour, enfin, les armes se taisent.