Le Sri Lanka traverse une période économique tumultueuse depuis plusieurs années. Après l’effondrement de son économie en 2022 et un défaut sur sa dette publique de 46 milliards de dollars, le pays a dû faire face à de graves pénuries alimentaires, de carburant et de médicaments. Cette crise sans précédent a entraîné la chute du président Gotabaya Rajapaksa en juillet 2022, sous la pression de manifestations populaires massives.
Un accord crucial avec le FMI malgré le changement de gouvernement
Pour sortir de cette spirale infernale, le successeur de Rajapaksa, Ranil Wickremesinghe, avait conclu en 2023 un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). En échange d’une aide de 2,9 milliards de dollars, le Sri Lanka s’engageait dans une cure d’austérité drastique : hausse d’impôts, coupes dans les dépenses publiques et restructuration d’une cinquantaine d’entreprises publiques. Un remède de cheval qui divise l’opinion.
Pourtant, malgré l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche suite aux dernières élections législatives, cet accord a été maintenu. Kumara Dissanayake, le nouveau président, s’est plié aux exigences du FMI, invoquant le réalisme économique. Une décision surprenante quand on sait que la gauche avait fait campagne sur une renégociation de cet accord jugé trop sévère pour la population.
Le spectre des pénuries et de l’inflation
Il faut dire que le Sri Lanka ne peut se permettre de faire la fine bouche. Avec une inflation galopante et des pénuries à répétition, le pays est au bord du gouffre. Les caisses sont vides et la dette publique, colossale. Sans l’aide du FMI, point de salut. C’est en tout cas le pari fait par le nouveau gouvernement, qui espère ainsi stabiliser l’économie et redonner confiance aux investisseurs étrangers.
Ce n’est pas le moment de discuter si les termes de l’accord avec le FMI sont bons ou mauvais, si l’accord nous est favorable ou non… Le processus a duré environ deux ans et nous ne pouvons pas tout recommencer.
Kumara Dissanayake, Président du Sri Lanka
Des réformes douloureuses mais nécessaires ?
Pour débloquer la nouvelle tranche d’aide de 333 millions de dollars du FMI, le Sri Lanka va devoir serrer la ceinture et s’atteler à des réformes structurelles profondes. Au menu : privatisations, gel des embauches dans la fonction publique, réduction des subventions… Des mesures d’austérité qui risquent de peser lourdement sur les ménages les plus modestes, déjà durement éprouvés par la crise.
Mais pour le gouvernement, il n’y a pas d’alternative. Ces sacrifices sont le prix à payer pour redresser durablement l’économie du pays et sortir de la spirale de la dette. Un pari risqué, qui pourrait raviver la colère sociale si les résultats ne sont pas au rendez-vous rapidement. La patience des Sri Lankais, mise à rude épreuve ces dernières années, a ses limites.
Un avenir incertain pour le Sri Lanka
Malgré ces incertitudes, le nouveau gouvernement reste optimiste. Il mise sur une reprise progressive de l’activité économique grâce au retour des investisseurs et des touristes, une fois la confiance restaurée. Le Sri Lanka dispose en effet d’atouts non négligeables, comme sa position stratégique dans l’Océan Indien et ses magnifiques paysages, prisés des visiteurs du monde entier.
Mais pour tirer pleinement parti de ce potentiel, il faudra du temps et de la détermination politique. Le chemin de la relance économique s’annonce long et semé d’embûches pour cette île meurtrie. Entre austérité et espoir d’un renouveau, le Sri Lanka joue son avenir et sa stabilité dans les prochains mois. Un pari audacieux pour le gouvernement de gauche, qui devra composer avec une société à fleur de peau et des partenaires internationaux intransigeants.