C’est un mouvement de grève sans précédent qui a secoué les pharmacies françaises ce jeudi 30 mai. Près de 90% des officines ont fermé leurs portes pour manifester leur colère face aux pénuries de médicaments qui s’aggravent de jour en jour. Cortisone, antibiotiques, morphine, sirops pour enfants… Les ruptures de stock se multiplient, mettant en péril la santé des patients.
Un système de santé à bout de souffle
Pour les pharmaciens en première ligne, ces pénuries sont le symptôme d’un système de santé défaillant. Laura, pharmacienne parisienne descendue dans la rue, témoigne : “On manque de tout. Quand un patient a besoin d’antibiotiques, on n’en obtient qu’une dizaine de boîtes au lieu de la centaine nécessaire.” Une situation intenable qui met en danger les malades.
Des causes multiples
Comment en est-on arrivé là ? Les raisons sont multiples selon les professionnels du secteur :
- Délocalisations massives de la production de médicaments
- Manque d’anticipation et de stocks stratégiques
- Spéculation et quotas imposés par les laboratoires
- Explosion de la demande post-covid
“C’est le début d’un système qui arrive à bout. Si rien n’est fait, les pénuries vont encore s’aggraver.”
Un pharmacien gréviste
Une population encore peu consciente du problème
Si le mouvement est très suivi chez les pharmaciens, avec 18 000 officines fermées sur 20 000, le grand public semble encore peu sensibilisé à l’ampleur de la crise. Pourtant, ce sont bien les patients qui risquent d’en subir les conséquences, avec des traitements indisponibles ou des changements de molécules pouvant perturber les prises en charge.
Face à cette situation alarmante, les pharmaciens réclament des mesures d’urgence du gouvernement pour sécuriser l’approvisionnement en médicaments essentiels. Relocalisation de la production, constitution de stocks d’État, levée des quotas des laboratoires… Des solutions existent mais doivent être mises en œuvre au plus vite, avant que la pénurie ne vire à la catastrophe sanitaire.
Un électrochoc nécessaire
Plus qu’une simple grève, l’action coup de poing des pharmaciens se veut un cri d’alerte pour sauver un système de santé au bord de la rupture. “On ne lâchera rien”, préviennent les syndicats de la profession, bien décidés à mettre la pression sur les pouvoirs publics.
Car au-delà de l’approvisionnement en médicaments, c’est bien un modèle de santé solidaire et accessible à tous qui est en jeu. Privatisations rampantes, déserts médicaux, hôpitaux surchargés… La crise des pharmacies n’est que la partie émergée d’un iceberg bien plus vaste. Il est plus que temps d’agir avant le naufrage.