C’est un procès très attendu et lourd de symboles qui s’est ouvert à Hong Kong. Jimmy Lai, 74 ans, magnat des médias et figure de proue du mouvement pro-démocratie, comparaît devant la justice. Après 4 ans derrière les barreaux, celui qui incarne la résistance face à Pékin joue sa liberté et l’avenir de l’ancienne colonie britannique.
Le combat d’une vie pour la liberté
« Je suis catholique ». Ce sont les premiers mots prononcés par Jimmy Lai à l’ouverture de son procès le 20 novembre. Des paroles fortes de la part de cet homme d’affaires qui a bâti un empire médiatique et n’a eu de cesse de défendre la liberté d’expression face à la main-mise grandissante de la Chine sur Hong Kong.
Né dans une famille pauvre de Canton, Jimmy Lai a fui l’oppression communiste à l’âge de 12 ans pour se réfugier à Hong Kong. Déterminé et visionnaire, il y a fondé le groupe de presse Next Digital et le tabloïd pro-démocratie Apple Daily, devenant ainsi l’une des voix les plus critiques à l’égard de Pékin. Un engagement qui lui a valu les foudres du régime chinois.
Un procès sous haute tension
Aujourd’hui, Jimmy Lai fait face à des accusations de « collusion avec des forces étrangères » en vertu de la draconienne loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020. Un texte liberticide qui a sonné le glas des libertés à Hong Kong et envoyé de nombreux militants derrière les barreaux.
Selon une source proche du dossier, l’homme d’affaires risque la prison à vie s’il est reconnu coupable. Mais Jimmy Lai reste droit dans ses bottes. Amaigri mais combatif, vêtu d’un costume sombre, il est apparu souriant et déterminé à son arrivée au tribunal, sous l’objectif des caméras.
Si se battre pour la liberté est un crime, alors je suis coupable.
Jimmy Lai en 2020, peu avant son arrestation
Le soutien de la communauté internationale
Le sort de Jimmy Lai est suivi de près par les capitales occidentales qui dénoncent la répression chinoise. Plusieurs ONG de défense des droits humains ont appelé à sa libération immédiate, le qualifiant de « prisonnier de conscience ».
Signe de l’intérêt que suscite l’affaire à l’international, l’ancien président américain Donald Trump a même promis d’œuvrer pour « arracher » Jimmy Lai à la Chine s’il est réélu en 2024. Une déclaration accueillie avec prudence par les proches du magnat hongkongais.
Un procès décisif pour l’avenir de Hong Kong
Au-delà du sort personnel de Jimmy Lai, c’est tout le mouvement pro-démocratie hongkongais qui retient son souffle. Sa condamnation serait un coup fatal porté aux derniers espaces de liberté dans la ville, deux ans après la reprise en main musclée de Pékin.
Jadis havre de stabilité et de prospérité, Hong Kong a perdu de son aura sous la pression de la Chine. Le dynamisme et l’ouverture qui faisaient sa force s’étiolent. La condamnation de Jimmy Lai enverrait un message clair : la dissidence n’est plus tolérée dans la cité autrefois si libre.
Alors que le verdict est attendu dans les prochaines semaines, les regards sont braqués sur le tribunal de Hong Kong. Au-delà du sort d’un homme, c’est l’avenir de tout un territoire et de ses valeurs qui se joue. Un combat entre David et Goliath dont l’issue est plus qu’incertaine, mais qui restera à n’en pas douter dans les livres d’Histoire.