Alors que le conflit entre sunnites et chiites a déjà fait environ 150 morts depuis l’été dernier dans le district de Kourram au Pakistan, de nouvelles violences communautaires viennent d’éclater dans cette région montagneuse frontalière de l’Afghanistan. Selon un membre de l’administration locale, au moins 32 personnes supplémentaires ont été tuées dans des affrontements entre les deux communautés.
Cette escalade intervient seulement deux jours après une précédente attaque anti-chiite particulièrement meurtrière. Jeudi, des assaillants avaient pris pour cible deux convois transportant des familles chiites sous escorte policière, faisant 43 morts et de nombreux blessés graves. Un “bain de sang” qui avait suscité l’indignation de la minorité chiite à travers le pays.
Représailles et spirale de violences
Vendredi soir, malgré une journée marquée par de vives tensions lors des cortèges funéraires des victimes, la situation a dégénéré. D’après un haut-gradé de la police sur place, des chiites en colère ont attaqué en soirée un marché principalement tenu par des sunnites. S’en est suivi un échange de tirs nourris entre les deux communautés durant plusieurs heures, avec des armes légères, automatiques et même des obus de mortier.
Les violences se sont poursuivies samedi en plusieurs endroits du district de Kourram. Selon un bilan encore provisoire, les nouveaux affrontements ont fait 18 morts côté chiite et 14 côté sunnite. Des centaines de magasins et d’habitations auraient également été incendiés dans la zone du marché attaqué la veille.
Un conflit qui s’enlise malgré les tentatives de trêves
Depuis l’été dernier, le conflit entre sunnites et chiites a fait près de 150 morts dans cette région où les tensions communautaires sont exacerbées. En cause notamment : des différends ancestraux entre tribus pour le contrôle des terres, sur fond de clivages religieux. Les hostilités reprennent systématiquement malgré les trêves décrétées par les conseils tribaux.
Face à ce nouveau pic de violences, les autorités tentent une nouvelle fois de ramener le calme. Des forces de sécurité supplémentaires ont été déployées et des pourparlers entre les communautés sont en cours. Mais la tâche s’annonce ardue tant les codes d’honneur tribaux prévalent souvent sur l’ordre que les forces de sécurité peinent à imposer dans la région.
Des efforts sont menés pour ramener la paix. Des forces de sécurité sont déployées et des jirgas [conseils tribaux] sont réunies.
Javed Ullah Mehsud, membre de l’administration locale
Les chiites, une minorité qui se dit persécutée
Au Pakistan, pays musulman à plus de 80% sunnite, la minorité chiite affirme faire l’objet de longue date de discriminations et de violences. Des tensions communautaires qui dégénèrent régulièrement en affrontements meurtriers dans plusieurs régions du pays.
Ces dernières années, la communauté chiite a été la cible de nombreux attentats revendiqués par des groupes extrémistes sunnites. Des attaques qui ont fait des centaines de morts dans leurs lieux de culte, leurs quartiers ou lors de pèlerinages. En réaction, des milices chiites se sont formées, alimentant un engrenage du conflit et un climat de peur.
Nous sommes opprimés parce que nous sommes chiites. Le gouvernement ne fait rien pour nous protéger et les extrémistes sunnites veulent nous éliminer.
Un manifestant chiite anonyme
Face à ces violences récurrentes qui ciblent leur communauté, de nombreux chiites pakistanais dénoncent l’inaction, voire la complicité, des autorités. Ils réclament plus de protection de l’État et une lutte plus résolue contre les groupes extrémistes anti-chiites qui sévissent dans le pays.
Mais dans un Pakistan fragmenté, où se mêlent enjeux sécuritaires, luttes de pouvoir, rivalités ethniques et instrumentalisations religieuses, ramener la paix entre communautés s’avère un défi de taille. Et à chaque nouvelle flambée de violences, comme celle qui endeuille actuellement le district de Kourram, le fossé ne cesse de se creuser entre sunnites et chiites.
Les violences se sont poursuivies samedi en plusieurs endroits du district de Kourram. Selon un bilan encore provisoire, les nouveaux affrontements ont fait 18 morts côté chiite et 14 côté sunnite. Des centaines de magasins et d’habitations auraient également été incendiés dans la zone du marché attaqué la veille.
Un conflit qui s’enlise malgré les tentatives de trêves
Depuis l’été dernier, le conflit entre sunnites et chiites a fait près de 150 morts dans cette région où les tensions communautaires sont exacerbées. En cause notamment : des différends ancestraux entre tribus pour le contrôle des terres, sur fond de clivages religieux. Les hostilités reprennent systématiquement malgré les trêves décrétées par les conseils tribaux.
Face à ce nouveau pic de violences, les autorités tentent une nouvelle fois de ramener le calme. Des forces de sécurité supplémentaires ont été déployées et des pourparlers entre les communautés sont en cours. Mais la tâche s’annonce ardue tant les codes d’honneur tribaux prévalent souvent sur l’ordre que les forces de sécurité peinent à imposer dans la région.
Des efforts sont menés pour ramener la paix. Des forces de sécurité sont déployées et des jirgas [conseils tribaux] sont réunies.
Javed Ullah Mehsud, membre de l’administration locale
Les chiites, une minorité qui se dit persécutée
Au Pakistan, pays musulman à plus de 80% sunnite, la minorité chiite affirme faire l’objet de longue date de discriminations et de violences. Des tensions communautaires qui dégénèrent régulièrement en affrontements meurtriers dans plusieurs régions du pays.
Ces dernières années, la communauté chiite a été la cible de nombreux attentats revendiqués par des groupes extrémistes sunnites. Des attaques qui ont fait des centaines de morts dans leurs lieux de culte, leurs quartiers ou lors de pèlerinages. En réaction, des milices chiites se sont formées, alimentant un engrenage du conflit et un climat de peur.
Nous sommes opprimés parce que nous sommes chiites. Le gouvernement ne fait rien pour nous protéger et les extrémistes sunnites veulent nous éliminer.
Un manifestant chiite anonyme
Face à ces violences récurrentes qui ciblent leur communauté, de nombreux chiites pakistanais dénoncent l’inaction, voire la complicité, des autorités. Ils réclament plus de protection de l’État et une lutte plus résolue contre les groupes extrémistes anti-chiites qui sévissent dans le pays.
Mais dans un Pakistan fragmenté, où se mêlent enjeux sécuritaires, luttes de pouvoir, rivalités ethniques et instrumentalisations religieuses, ramener la paix entre communautés s’avère un défi de taille. Et à chaque nouvelle flambée de violences, comme celle qui endeuille actuellement le district de Kourram, le fossé ne cesse de se creuser entre sunnites et chiites.