La nomination de Scott Bessent au poste de secrétaire au Trésor promet des changements majeurs dans la politique économique des États-Unis. Cet ancien banquier de Wall Street, choisi par le président Donald Trump, devra naviguer entre la réalisation des promesses de campagne et la maîtrise d’une dette publique qui atteint des sommets. Un véritable numéro d’équilibriste l’attend.
Un plafond d’endettement à relever d’urgence
Le premier défi de Scott Bessent sera de gérer le plafond de la dette américaine. Suspendu temporairement jusqu’en janvier 2025 après d’âpres négociations politiques, il dépasse désormais les 36 000 milliards de dollars. Avec les républicains aux commandes du Congrès et de l’exécutif, il faudra voter un nouveau plafond puis s’attaquer sérieusement au déficit public.
Pour cette tâche herculéenne, le nouveau secrétaire au Trésor pourra compter sur l’aide des milliardaires Elon Musk et Vivek Ramaswamy, à la tête d’un conseil chargé de réduire les dépenses. Mais entre volonté d’économies et promesses de baisses d’impôts, l’équation s’annonce compliquée.
Pérenniser les baisses d’impôts de l’ère Trump
Autre dossier brûlant : la reconduction des baisses d’impôts instaurées sous le premier mandat de Donald Trump. Arrivant à échéance fin 2025, elles nécessiteront un nouveau vote du Congrès pour être pérennisées. Mais le président élu veut aller plus loin, avec des réductions supplémentaires pour les entreprises, les hauts revenus et certaines aides sociales.
Un programme fiscal ambitieux, mais coûteux. Selon les estimations, la simple prolongation des baisses actuelles représenterait un manque à gagner de 400 milliards de dollars par an pour l’État fédéral. Avec les nouvelles mesures envisagées, la facture pourrait grimper à 900 milliards annuels, creusant encore plus la dette publique.
Rassurer des marchés inquiets
Sans surprise, les marchés financiers s’inquiètent de cette politique budgétaire expansive. Dès l’annonce de la victoire de Donald Trump, les taux d’intérêt sur les bons du Trésor américain ont bondi, anticipant une hausse de la dette publique. D’ici 2035, celle-ci pourrait augmenter de 7 750 milliards de dollars si le programme trumpiste est appliqué en totalité.
Malgré les promesses de réduction des dépenses portées par Elon Musk, les marchés restent sceptiques. Le Fonds monétaire international (FMI) rappelle régulièrement que sans changement de cap, la dette américaine atteindra 140% du PIB d’ici la fin de la décennie. Scott Bessent devra donc rassurer les investisseurs sur la soutenabilité des finances publiques.
Vendre les droits de douane aux Américains
Enfin, le secrétaire au Trésor héritera du délicat dossier des droits de douane. S’il n’aura pas la main sur leur hausse, décidée par le département du Commerce, il devra en assurer la promotion auprès d’une opinion publique américaine échaudée par l’inflation. Car ces taxes sur les importations risquent fort de se répercuter sur les prix à la consommation.
Le think tank Tax Foundation estime que ces droits de douane coûteront 525 milliards de dollars supplémentaires aux ménages américains. Côté inflation, elle devrait temporairement s’éloigner de l’objectif de 2% avant de se stabiliser à un niveau plus élevé. Scott Bessent aura fort à faire pour convaincre ses concitoyens du bien-fondé de cette stratégie.
Entre dette abyssale, baisses d’impôts massives et droits de douane impopulaires, le nouveau secrétaire au Trésor devra déployer des trésors de persuasion et d’habileté pour relever les défis qui l’attendent. Le tout sous l’œil attentif de marchés financiers prompts à sanctionner le moindre faux pas. Une mission à hauts risques qui ne laissera aucune place à l’erreur.