Le remaniement de l’administration Trump se poursuit avec la nomination vendredi de deux proches du président à des postes stratégiques. Scott Bessent, ardent promoteur d’un contrôle politique accru sur la Réserve fédérale, a été désigné au poste crucial de secrétaire au Trésor. Quant à Russ Vought, l’un des principaux architectes du controversé « Project 2025 », il prendra la tête du Bureau de la gestion et du budget.
Ces choix en disent long sur les priorités et la ligne politique que compte adopter le locataire de la Maison Blanche pour son second mandat. Avec Scott Bessent aux manettes du Trésor, c’est un partisan d’une plus grande mainmise du pouvoir exécutif sur la politique monétaire qui se retrouve à un poste clé. Une nomination qui risque de raviver les tensions avec une Fed jalouse de son indépendance.
Un rôle central pour façonner la politique économique
Au sein du gouvernement, le secrétaire au Trésor joue en effet un rôle central, jouissant à la fois d’une fonction de conseil, de supervision de la politique économique, mais aussi de gestion du budget fédéral. Scott Bessent aura pour mission de pérenniser les baisses d’impôts de l’ère Trump, d’œuvrer à la réduction du déficit public et de la dette, tout en gérant les relations commerciales avec les principaux partenaires du pays, Chine en tête.
Mais c’est surtout son positionnement en faveur d’une reprise en main politique de la Fed qui suscite des interrogations. Une ligne qui tranche avec la tradition d’indépendance de la banque centrale américaine. Scott Bessent aura en effet un rôle important dans le contrôle des institutions financières de supervision comme la Fed, dont il souhaite ardemment accroître le contrôle politique sur le processus de décision.
Un parcours dans la finance puis dans l’ombre de Trump
Âgé de 58 ans, Scott Bessent a débuté sa carrière en 1991 chez le milliardaire et philanthrope George Soros, figure honnie des milieux conservateurs. Après un bref retour chez Soros de 2011 à 2015, ce diplômé de la prestigieuse université Yale a fondé son propre fonds spéculatif, Key Square Group. Mais c’est surtout son amitié de longue date avec la famille Trump qui a fini par le propulser dans les hautes sphères du pouvoir. Donald Trump a d’ailleurs loué sa capacité à « lancer un nouvel âge d’or pour les États-Unis » et « solidifier leur rôle de première économie mondiale ».
Une autre nomination, peut-être encore plus lourde de sens, est celle de Russ Vought à la tête du Bureau de la gestion et du budget, l’agence qui aide le président à définir les priorités politiques et leur financement. Ce proche des milieux ultra-conservateurs est l’un des principaux rédacteurs de « Project 2025 », un programme aussi exhaustif que controversé conçu comme une feuille de route de l’administration pour les 4 années à venir.
« Project 2025 » : cap sur un programme ultra-conservateur
Conçu dans la plus grande discrétion par le think tank conservateur Heritage Foundation, ce plan de 900 pages dessine les contours d’une politique compréhensive et radicale. Parmi ses dispositions les plus controversées, une réforme du statut des fonctionnaires fédéraux visant à casser leur protection face aux alternances politiques. Une révolution qui permettrait à Donald Trump de placer davantage d’ultra-conservateurs loyaux à des postes clés de l’administration.
Le document propose également un refaçonnage des agences fédérales pour concentrer le pouvoir entre les mains de l’exécutif et appliquer une politique conservatrice transversale, de l’immigration à l’avortement. Des révélations qui avaient conduit Donald Trump à s’en désolidariser durant sa campagne, sans convaincre ses opposants.
Pour compléter ce remaniement, l’élue républicaine Lori Chavez-DeRemer, battue aux élections de mi-mandat, a été nommée ministre du Travail. Ces nominations, qui devront encore être validées par le Sénat, donnent une idée assez claire du cap que souhaite emprunter le bouillonnant président pour les 4 années à venir.
Une équipe taillée pour appliquer « l’Amérique d’abord »
Avec ce remaniement, Donald Trump envoie un message limpide : il entend gouverner résolument à droite, dans la lignée des engagements les plus conservateurs de son premier mandat. Exit les figures de la modération, place à des idéologues prêts à transformer en profondeur le pays au pas de charge et à concentrer le pouvoir à la Maison Blanche.
Cette refonte vise à donner à Donald Trump les leviers pour imprimer sa marque, loin du carcan institutionnel traditionnel. Contrôle de la Fed, remise en cause du statut des fonctionnaires, fédéralisme revisité… C’est peu dire que la méthode s’annonce disruptive. Reste à voir si ces projets pourront se concrétiser face à l’hostilité prévisible du Congrès et à la résistance des institutions. Une chose est sûre, Donald Trump semble déterminé à avancer à marche forcée sur son programme « l’Amérique d’abord ».
Les premiers mois du nouveau mandat donneront une idée plus précise de ce que l’administration Trump 2.0 a réellement dans le ventre. Mais avec une équipe de cette trempe, le locataire de la Maison Blanche part en tout cas avec une détermination intacte et les coudées franches pour imprimer un virage majeur. À surveiller de très près dans les semaines et mois à venir.