C’est une décision qui fera date dans les relations franco-russes. À quelques jours des célébrations du 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, l’Élysée a annoncé que la Russie ne serait pas conviée aux commémorations. Un véritable camouflet diplomatique pour Moscou, qui n’a pas manqué de réagir.
Le spectre de l’Ukraine plane sur les cérémonies
Alors que les préparatifs battent leur plein pour honorer la mémoire des soldats tombés sur les plages normandes en juin 1944, c’est un invité de marque qui brillera par son absence. Selon la présidence française, « les conditions ne sont pas réunies » pour accueillir une délégation russe, en raison de la guerre menée par la Russie en Ukraine depuis plus d’un an maintenant.
Une décision lourde de sens, quand on sait le rôle joué par l’Union soviétique dans la défaite du nazisme. Mais pour l’Élysée, impossible de faire abstraction du contexte géopolitique actuel :
La guerre d’agression contre l’Ukraine s’est encore intensifiée ces dernières semaines. Nous ne pouvons pas accueillir ceux qui foulent au pied la liberté et la souveraineté d’un pays indépendant.
Emmanuel Macron
Le Kremlin crie à « l’affront historique »
Du côté de Moscou, la pilule a du mal à passer. Dans un communiqué au vitriol, le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé une décision « inadmissible et immorale », parlant même d’un « affront à la mémoire historique ». Et de rappeler le lourd tribut payé par le peuple soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.
Loin de s’apaiser, les relations entre la France et la Russie semblent au plus bas. Une situation qui tranche avec l’unité affichée par les Alliés il y a 80 ans sur les côtes normandes. Reste à savoir si ce nouveau coup de froid diplomatique aura des répercussions durables.
Des cérémonies sous haute surveillance
Malgré les remous diplomatiques, les commémorations du 6 juin s’annoncent grandioses et chargées en émotions. De nombreux chefs d’État et vétérans sont attendus pour honorer la mémoire des libérateurs. Un dispositif de sécurité exceptionnel sera déployé :
- Près de 2000 membres des forces de l’ordre mobilisés
- Zones d’exclusion aérienne au-dessus des sites
- Contrôles renforcés aux abords des plages et cimetières
Autant de mesures pour assurer le bon déroulement de ce moment historique, où le monde aura les yeux tournés vers la Normandie. Même si l’ombre de l’exclusion russe planera sans doute sur les cérémonies.
Un Débarquement sans les Russes, le sens d’une commémoration
Au-delà du symbole, l’absence de représentants russes soulève la question du sens donné à ces commémorations. Comment honorer l’esprit de coalition des Alliés de 1944 quand l’unité vole en éclats en 2024 ? Un dilemme mémoriel auquel devront faire face les organisateurs et participants.
Une chose est sûre : ce 80e anniversaire du Débarquement ne ressemblera à aucun autre. Entre mémoire et tensions géopolitiques actuelles, la Normandie s’apprête à vivre des célébrations sous haute tension. Mais par-delà les controverses, c’est avant tout l’hommage aux vétérans et le souvenir des sacrifices consentis qui devront primer. Pour que la flamme de la liberté, si durement gagnée en juin 44, continue de briller encore longtemps.