À 10 jours du scrutin européen, c’est un petit séisme politique qui vient de secouer la capitale. Jean-Baptiste Gardes, maire adjoint du 9ème arrondissement de Paris, a annoncé son ralliement au Rassemblement National de Jordan Bardella. Une prise de guerre symbolique pour le parti lepéniste en quête de respectabilité, qui confirme son pouvoir d’attraction grandissant sur la droite française.
Un élu parisien séduit par « le patriotisme » du RN
Âgé de 42 ans, Jean-Baptiste Gardes n’est pas un novice en politique. Cet ancien militaire, qui a servi pendant 15 ans sous les drapeaux, est entré en politique en 2016 aux côtés du député LR Pierre Lellouche. Propulsé délégué de circonscription, il a ensuite été élu maire adjoint du 9ème sur la liste de la maire Delphine Bürkli, une proche d’Agnès Evren.
Mais c’est finalement au RN que ce « patriote » autoproclamé a choisi d’engager son avenir politique. « J’ai toujours été patriote », a-t-il justifié au Figaro pour expliquer son choix. Un patriotisme qu’il juge aujourd’hui mieux incarné par le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella que par une droite LR en perte de vitesse.
Le RN, une force d’attraction qui bouscule la droite
Si le ralliement de Jean-Baptiste Gardes peut sembler anecdotique, il est en réalité symptomatique de la dynamique qui travaille actuellement la droite française. Portée par le leadership de Jordan Bardella et les bons sondages, le Rassemblement National exerce une force d’attraction croissante sur les élus Les Républicains tentés par une ligne plus radicale.
Pour le RN de Jordan Bardella, chaque prise de guerre compte en vue de la présidentielle 2027.
Le Figaro
Un phénomène qui inquiète en interne, où l’on craint une hémorragie en cas de bon score du RN aux Européennes. D’autant que les ralliements se multiplient ces derniers mois, des conseillers municipaux jusqu’aux députés, fragilisant l’équilibre des forces à droite.
Paris, un bastion de droite qui vacille
Le ralliement du maire adjoint du 9ème est d’autant plus symbolique qu’il intervient à Paris, bastionhistorique de la droite et du centre. Si la maire LR Delphine Bürkli s’est dite « attristée et déçue » par ce départ, elle n’en mesure pas moins la menace dans une ville où le poids des maires d’arrondissement est crucial.
Et le RN entend bien capitaliser sur cette première prise pour accélérer son enracinement dans la capitale, en séduisant d’autres élus locaux sceptiques sur la ligne LR. Une stratégie méthodique d’implantation qui pourrait changer la donne politique dans une ville jusqu’ici hostile au lepénisme.
Vers un duel Macron-Le Pen en 2027 ?
Au-delà du symbole parisien, ce ralliement confirme surtout le rôle pivot que compte jouer le RN dans la recomposition politique en cours. En incarnant une alternative crédible pour les électeurs de droite séduits par un discours ferme sur l’immigration et l’identité, le parti lepéniste espère siphonner LR pour s’imposer comme la première force d’opposition à Emmanuel Macron.
Un pari osé, mais qui prend de l’épaisseur à mesure que se rapproche l’échéance présidentielle de 2027. Si elle se confirme, cette polarisation du paysage politique autour d’un duel entre majorité présidentielle et RN laisse peu de place à une droite traditionnelle laminée. Et dessine les contours d’un affrontement politique inédit pour la décennie à venir.
